30 ans d’innovation avec le LIRMM
Créé en 1992, le laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier, plus connu sous le nom de LIRMM, fêtait cette année ses 30 d’existence. L’occasion de revenir, avec Philippe Poignet, son directeur, sur les innombrables innovations qui, grâce à l’engagement des chercheurs et chercheuses, ont franchi les murs des labos pour être valorisés dans des domaines aussi divers qu’étonnants.
« Quand je suis arrivé au début des années 2000, le LIRMM bénéficiait déjà d’une renommée nationale et internationale. Dans notre domaine, des laboratoires aussi grands qui regroupaient autant de disciplines, il y en avait peu » se souvient celui qui en deviendra le directeur 15 ans plus tard. Mais à l’époque Philippe Poignet est un jeune chercheur en robotique fraîchement débarqué sur le campus St Priest construit en 1992 pour héberger, entre autres, ce nouveau laboratoire issu de la fusion entre le CRIM (Centre de Recherche en Informatique de Montpellier) et le LAMM (laboratoire d’automatique et de microélectronique de Montpellier).
Initiée par Christian Durante et son équipe, dont Michel Chein, cette nouvelle structure baptisée LIRMM est dirigée dès 1992 par Gaston Cambon. Initialement quatre départements sont constitués qui deviendront rapidement trois : le département d’informatique composé de 15 équipes de recherche dont une commune avec le département de robotique ; le département de robotique qui en compte 4 aujourd’hui ; le département de microélectronique et ses 3 équipes. En tout plus de 400 personnes dont 160 chercheurs, chercheuses, enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheuses, de 40 nationalités qui contribuent tous et toutes à faire de ce laboratoire un des avant-postes de l’innovation à l’Université de Montpellier.
Au service des êtres humains
Emblématique et fascinante, la robotique est bien sûr l’objet des rêves et des fantasmes du grand public. Plusieurs spécialités coexistent au sein du LIRMM à commencer par la robotique humanoïde et plus particulièrement la partie cobotique c’est-à-dire l’interaction homme/robot. Un reportage dans le podcast A l’UM la science avait ainsi été l’occasion pour Robin Passama et Benjamin Navarro de nous présenter leurs travaux sur les robots collaboratifs capables d’assister les humains dans des tâches simples. Autre spécialité du département : la robotique sous-marine et notamment les célèbres robots archéologues (Des robots en eaux profondes) de Vincent Creuze, prix de l’innovation 2022 de l’Université de Montpellier.
La robotique chirurgicale est également au cœur du travail du département robotique. Ici progressent à pas de robots la chirurgie de l’œil avec Acucurgical, la start-up dont font partie Philippe Poignet et Yassine Haddab ; la chirurgie reconstructrice destinée aux grands brûlés avec Dermarob et plus récemment un nouveau robot développé avec la start-up lyonnaise LabSkinCreations ; l’urologie avec Ily (Sterlab) un robot d’assistance pour le traitement des calculs rénaux ; la chirurgie de la hanche et du genou avec MedTech (Zimmer-Biomet maintenant).
En 30 ans de nombreux projets du LIRMM sont ainsi sortis des murs du laboratoire et pour Philippe Poignet l’un d’eux a particulièrement marqué son histoire : « En termes de valorisation, c’est le robot Quattro (ADEPT), un robot parallèle conçu par François Pierrot avec la fondation espagnole Fatronik (devenue depuis Technalia) ».
La fiabilité et l’énergie avant tout
« Sur la partie électronique, nous nous positionnons sur le test et la fiabilité des circuits intégrés, sur la conception de systèmes embarqués adaptatifs. Ces systèmes ont vocation à être efficaces du point de vue énergétique » explique le directeur du LIRMM. Une discipline moins connue du grand public que Laurent Latorre, responsable du département de microélectronique, a bien voulu nous faire découvrir dans un reportage diffusé dans A l’UM la science le 22 septembre dernier.
Et là encore, les exemples d’innovations valorisées ne manquent pas : Algodone, une start-up spécialisée dans la sécurisation des objets connectés (Un pont sécurisé vers vos objets connectés) développée par Lionel Torres chercheur au LIRMM et directeur de Polytech ; NinjaLab fondée par Victor Lomné et Thomas Roche les pros de La cryptanalyse étoilée ; Néocéan et leur vague technologique qui conjugue amour de la mer et micro-électronique ou encore les magiciens de Neurinnov, David Andreux et David Guiraud que nous retrouvions dans la série vidéo Décollage pour parler de leurs dispositifs médicaux implantables capables de restaurer la sensation chez les amputés…
L’interdisciplinarité comme ADN du laboratoire
Avec quinze équipes au travail, le département informatique est sans aucun doute le plus gros département du LIRMM dans lequel se côtoient de très nombreuses spécialités qu’Alexandre Pinlou, chercheur en informatique et responsable adjoint du département, nous a fait découvrir dans un reportage diffusé le 6 octobre dernier. « Il y a les grands sujets autour des sciences des données, de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage, du génie logiciel… » décrit Philippe Poignet. Des grands sujets à l’intérieur desquels se logent d’innombrables spécialités : la bio-informatique, le traitement du langage naturel, l’apprentissage statistique et symbolique, la représentation des connaissances, les ontologies, le raisonnement, l’analyse et le traitement d’images…
Autant de champs dans lesquels les chercheurs du LIRMM n’ont cessé depuis 30 ans d’innover. « Cette innovation s’est très souvent faite en collaboration avec d’autres disciplines, c’est une démarche qui est vraiment au cœur de notre motivation, nous sommes persuadés d’avoir un vrai rôle à jouer pour faire progresser la biologie, la santé, l’écologie et l’environnement montpelliérain est riche de cette diversité. » Et là encore les exemples ne manquent pas qu’il s’agisse des travaux récents du bioinformaticien Eric Rivals sur les cancers du cerveau, du suivi des thons rouges avec Popstar (De conserve avec le thon rouge) ou du suivi des épidémies avec PhyML (Dans la famille coronavirus je demande).
Portes ouvertes
Et c’est pour montrer au grand public la diversité de ces travaux et de leurs champs d’application que le LIRMM a, pour la première fois en 30 ans, ouvert ses portes au grand public à l’occasion de la dernière Fête de la Science. Expositions, stands, démonstrations, plusieurs centaines de personnes sont venues à la rencontre des chercheurs et chercheuses tout au long de cette journée. « C’est vrai que nos disciplines nourrissent beaucoup de rêves et de fantasmes et cette journée a été l’occasion pour nous de montrer la réalité de nos savoir-faire, de nos innovations. Nous avons tous beaucoup apprécié cette journée et pour tout dire, nous ne nous attendions pas à un tel succès en retour » conclut Philippe Poignet. Rendez-vous pris pour l’année prochaine !