Accélérer les transitions sociétales avec MAK’IT
Depuis 2019, l’Institut d’Etudes Avancées de l’Université de Montpellier baptisé MAK’IT accueille en résidence des chercheuses et chercheurs venus d’horizons géographiques et de disciplines différents. Leur objectif : contribuer à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies en analysant et en accélérant la transition dans les domaines de l’environnement, de la santé et de l’agriculture.
Ils sont déjà une trentaine de chercheurs, rattachés à des établissements étrangers, à avoir participé ou à participer actuellement à l’un des quatre programmes d’accueil proposés par MAK’IT, l’Institut d’Etudes Avancées (IEA) de l’Université de Montpellier dirigé par Patrick Caron, vice-président chargé des relations internationales. Il existe actuellement une centaine d’IEA dans le monde mais seulement huit en France à Lyon, Paris, Marseille, Nantes, Cergy, Toulouse, Strasbourg et Montpellier. « La première spécificité de MAK’IT est un focus thématique : l’environnement, la santé et l’agriculture explique Marianne Chaumel chargée de projet à Muse. Notre seconde spécificité est une orientation forte vers les « Suds » d’où proviennent la moitié des chercheurs que nous accueillons. Enfin, nous insistons beaucoup sur le dialogue entre sciences sociales et sciences du vivant. »
Les liens science-société au cœur de la démarche
Le point commun entre ces chercheurs issus de disciplines et de continents différents ? Contribuer à l’accélération des transitions nécessaires à la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations Unies à l’horizon 2030. En suivant cette ligne de mire c’est une approche originale que propose MAK’IT aux chercheurs résidents : « Nous demandons aux chercheurs, à travers leurs travaux, de s’attaquer aux controverses sociétales qui peuvent être à l’origine de blocages freinant les transitions » souligne Marianne Chaumel.
« Le lien science-société est vraiment au cœur de la démarche puisque leurs résultats doivent être applicables ou restituables à la société civile » poursuit la chargée de projet. Ainsi l’organisation pour et par les chercheurs de colloques, de séminaires mais aussi de rencontres publiques réunissant des acteurs du monde socio-économique, politique, associatif ou artistique est fortement encouragée, tout comme le déploiement de contenus pédagogiques et de cursus d’enseignements innovants. Depuis 2020 et les premiers accueils MAK’IT, les chercheurs de l’Institut ont ainsi organisé une dizaine d’évènements mobilisant plus de 70 intervenants et 1000 inscrits. MAK’IT a également été associé à la Saison Africa 2020. Cette approche, MAK’IT la décline donc selon quatre formules correspondant aux quatre programmes d’accueil proposés.
« Scientifiques invités » : un programme prestige
Imagerie 4D photoacoustique du cœur et du cerveau pour l’américain Craig Goergen ; lutte contre la maladie de Chagas pour l’argentin Marcelo Lorenzo ; technologie et marchés du lait de chamelle pour la kazakhe Gaukhar Konuspayeva ou encore utilisation des terres périurbaines pour l’australien Roel Plant… La diversité géographique et thématique est de mise dans le groupe « Scientifiques invités ». Un programme d’accueil de 3 à 10 mois réservé aux chercheurs « seniors » justifiant d’au moins 10 ans d’expérience après le doctorat. « Dans ce programme, les chercheurs doivent proposer un projet transversal. Ils sont intégrés à la communauté scientifique locale puisque chacun d’entre eux est invité par une unité qui co-finance sa venue » détaille la chargée de projet.
Six chercheurs participent à ce programme pour l’année 2021-2022 avec un premier représentant du Proche-Orient en provenance du Liban. « Au total nous avons eu plus de 200 dossiers de candidatures ouverts, ce qui témoigne de l’engouement grandissant pour ce programme, se réjouit Marianne Chaumel. Une grande majorité des chercheurs accueillis actuellement travaillent dans le domaine de la biologie-santé. En septembre prochain nous accueillerons également une première chercheuse en physique. »
« Cohorte » : la recherche en groupe
Deuxième formule : le programme « Cohorte ». Une exclusivité MAK’IT qui propose à un petit groupe de chercheurs travaillant dans des domaines divers, de plancher ensemble pendant six mois sur une thématique choisie par MAK’IT. « Notre première cohorte a travaillé sur le thème ‘Fake news ou sciences défaillantes ?’ et a d’ailleurs participé à un Bar des sciences sur ce thème. Le groupe que nous recevrons entre janvier et juin 2023 – l’appel à candidatures correspondant est actuellement ouvert – se penchera sur la question : ‘Quels rôles pour la science en temps de crise ?’. MAK’IT, en collaboration avec le South Center, une organisation intergouvernementale basée à Genève, organise d’ailleurs sur ce même thème une conférence internationale le 7 avril prochain à Montpellier, où sont attendus plusieurs experts internationaux de haut niveau.
Les chercheurs de la cohorte, hébergés dans un open space au sein des locaux de Muse, devront au final accoucher d’au moins une publication commune et donc transdisciplinaire. « Avec ce programme, ils s’engagent à travailler deux jours par semaine sur ce projet commun, le reste de leur emploi du temps peut être consacré à faire avancer leur axe de recherche personnel » précise Marianne Chaumel.
« FIAS » et « CAT » : le réseau en avant
Le programme FIAS pour French Institutes for Advanced Study, ouvert aux chercheurs en SHS, propose les mêmes modalités d’accueil que le programme « Scientifiques invités » à savoir, une résidence de dix mois cofinancée par une structure de recherche de l’Université de Montpellier ou de ses partenaires. Différence : ce programme, commun à cinq IEA français, est piloté par le Réseau français des IEA (RFIEA). Sur les 28 résidences proposées en 2022-2023, trois se dérouleront à Montpellier. En 2021-2022, l’UM a ainsi pu accueillir la hollandaise Margreet Zwarteveen du centre UNESCO sur l’eau de Delft et la franco-australienne Myrtille Lacoste rattachée à l’Université Curtin en Australie.
Pour finir, le programme CAT (Constructive Advanced Thinking) est quant à lui piloté par le Réseau européen des IEA, appelé NetIAS. Il propose à des équipes transdisciplinaires déjà constituées et composées de jeunes chercheurs (doctorants ou post-doctorants), d’être accueillis pour des séjours courts d’une à deux semaines dans différents IEA européens. « Montpellier a déjà accueilli deux groupes CAT sur une durée d’une semaine. L’encadrement est ici très différent, nous leur organisons des visites, des rencontres avec des chercheurs du périmètre montpelliérain, le tout en rapport avec le thème proposé bien sûr » expose Marianne Chaumel. Attitude anti-vaccination et villes durables ont ainsi été au programme de l’année 2021. Les prochains groupes accueillis travailleront quant à eux sur le rôle de la lumière dans le bien-être humain et sur la dépression dans les EHPAD.