Afterwork de l’innovation : “une filière d’avenir et l’avenir de toutes les filières”

La 5e édition de l’Afterwork de l’innovation s’est déroulée le lundi 8 juillet au Jardin des plantes de Montpellier. L’occasion de rappeler le rôle et l’implication du pôle universitaire innovation montpelliérain qui comptait parmi les cinq établissements pilotes en la matière en 2021. Après deux tables rondes éclairantes sur les partenariats public-privé, six chercheurs ont reçu un prix de l’innovation des mains du président Philippe Augé.

Sur la scène éphémère du Jardin des plantes ce lundi 8 juillet, l’Université de Montpellier a célébré l’union de deux mondes. A l’occasion de la 5e édition de l’Afterwork de l’innovation, la recherche et l’entreprise se sont dit “oui”. Expérimenté dès 2021 au sein de l’Université de Montpellier, le pôle universitaire de l’innovation (PUI), qui chapeautait l’événement, se destine à “fédérer l’ensemble de l’écosystème de l’innovation, sans passer par la création de structures nouvelles”, a rappelé le président Philippe Augé à la tribune.

En un an seulement, l’Université a accueilli 62 projets de jeunes pousses, accompagné 12 start-ups Deeptech et hébergé de nombreuses entreprises au sein du campus. Un fourmillement fructueux salué par l’ensemble des acteurs présents ce lundi soir parmi lesquels des représentants de l’État et de la région mais aussi des figures du monde économique telles que Anne-Lise Melki, directrice générale du bureau d’étude héraultais Biotope, numéro 1 européen de l’ingénierie écologique ou encore Alexandra Prieux, présidente de l’entreprise montpelliéraine Alcediag, spécialiste du diagnostic innovant.

Donner de la visibilité

 “Quand on me parle d’innovation, je comprends profondément leurs espoirs, leurs projets, ou de quoi ils ont besoin”, a assuré le vice-président du conseil régional en charge de l’économie Jalil Benabdillah. A l’aise comme un poisson dans l’eau, cet ingénieur de formation a connu un parcours similaire à nombre de jeunes startupers soutenus dans le cadre du PUI. “L’innovation est transversale, elle touche toutes les thématiques. Elle est devenue une filière d’avenir, et l’avenir de toutes les filières”, a lancé l’élu, qui souhaiterait passer d’une cinquantaine de nouvelles jeunes entreprises innovantes (JEI) par an, à une centaine aux quatre coins de l’Occitanie. Mais selon lui, elle se doit désormais d’inclure plusieurs problématiques majeures, comme “l’urgence climatique”, la “transformation technologique et digitale”, ou encore la “transformation sociale et sociétale”.

Même enthousiasme du côté du recteur délégué à l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation Khaled Bouabdallah, qui a applaudi le “renforcement significatif de l’impact de l’innovation sur l’économie et sur la société” depuis la création du PUI. Un soutien institutionnel sans faille en somme, et corroboré par Hind Emad, vice-présidente de la métropole de Montpellier déléguée au numérique, qui a également rappelé l’action de la collectivité – via l’exemple de la MedVallée, dans le domaine de la santé -, mais aussi l’importance des gouvernances partagées au côté de l’Université “pour donner de la visibilité aux entreprises innovantes” du territoire. 

Rencontrer le marché

Deux tables rondes ont réuni chercheurs, entrepreneurs et agents des services dédiés à l’innovation au sein d’organismes publics pour distiller quelques conseils pratiques, exemples à l’appui, pour des partenariats réussis. A l’image de l’échange autour de Claude Grison, directrice de recherche au CNRS, qui est intervenue en collaboration avec Pierre Le Blainvaux, de Technofounders et de Sandrine Guerreiro, chargée d’affaires licensing au CNRS. Les deux premiers ont ainsi co-fondé la start-up Laboratoires Bioprotection destinée à produire le répulsif anti-moustique innovant Crusoé. “J’ai toujours voulu que mes travaux soient utiles à la société”, a confié Claude Grison, détentrice d’une trentaine de brevets et couronnée de nombreux prix.

La seconde table ronde s’est déroulée en présence de Vincent Abello représentant de la société SpyGen spécialiste de l’ADN environnemental, de Léa Mazel responsable du service contrats et valorisation à la direction de l’innovation et des partenariats de l’UM et de David Mouilot chercheur au laboratoire Marbec. L’occasion pour ce dernier de souligner que la relation avec l’entreprise permet aux scientifiques “de faire de la recherche avec cette charge mentale en moins”. “C’est une belle ouverture que de côtoyer les gens du privé, en termes de cadrage, de réalisme, de rencontre du marché…”, a témoigné l’expert en écologie marine, qui planche actuellement sur le potentiel des ressources côtières dans la réduction de la pauvreté en Afrique de l’Est.

Si les relations entre les deux univers s’avèrent parfois complexes, au sortir de l’événement, les différents acteurs semblaient néanmoins déterminés à lever les freins un à un. “Il faut avoir le même langage, le même chronomètre et la même boussole”, a souligné Philippe Combette, vice-président de l’université en charge des partenariats et de l’innovation. « Ce n’est pas évident de travailler avec la recherche publique, a ajouté la directrice générale de Biotope Anne-Lise Melki, mais c’est très important et utile de le faire en partant de petites collaboration pour mieux se connaitre. » Une ambition partagée sans détour par le président Philippe Augé : “Décloisonnons ! Pour créer de la richesse tous ensemble sur le territoire…”

Six pépites récompensées

En fin de soirée, six pépites de la recherche made in Montpellier sont montées sur scène pour recevoir un des six prix de l’innovation. Tour à tour, Sarah Colombani (du laboratoire PhyMedExp) a été récompensée pour avoir mis au point un traitement capable d’enrayer un dysfonctionnement récurrent en cas de ventilation mécanique ; Isabelle Bourdon (MRM) a quant à elle été distinguée pour un projet destiné à renforcer la traçabilité du consentement du patient dans le cadre d’essais cliniques ; Damien Voiry (IEM) pour son projet de valorisation et de conversion de CO2 en éthylène ; Philippe Rondard (IGF) pour un traitement innovant des maladies du cerveau grâce à l’immunothérapie ; Frédérique Aberlenc (Diade) grâce à son dispositif de sexage précoce du palmier ; et enfin Bijan Mohammadi (IMAG) pour son système d’intelligence artificielle capable d’apprendre de l’humain… Autant de projets novateurs – voire révolutionnaires – et en passe de partir à la conquête du marché.