Demain, l’eau
Collaborer avec les universités du Sud pour aider les étudiants africains à se former à la gestion de l’eau : c’est l’idée d’un nouveau projet intitulé MAREMA[1]. Ce programme ‘Erasmus +’ piloté par l’Université de Montpellier sera porté sur les fonts baptismaux le 16 novembre prochain.
En 2030, plus de la moitié de la population africaine vivra dans des villes. Principal point commun à ces mégalopoles : de très forts besoins en eau… “Dans les grandes métropoles, les réseaux de drainage sont parfois déficients. Les populations les plus pauvres sont généralement les plus vulnérables. Faute de moyens, elles occupent les espaces de la ville laissés vacants du fait des risques encourus (ravines, points bas inondables, zones de forte pente)” explique le professeur Bamory Kamagaté, de l’Université Nangui Abrogoua (Côte d’Ivoire).
Précieuse et capricieuse
L’eau et l’Afrique : une histoire vieille comme le monde. Sur ce continent où est née l’humanité, l’eau ne pose pas un problème que par défaut. Car si les risques peuvent être liés à son accès difficile, il arrive aussi qu’ils soient liés à son excès. “Les pays avec lesquels nous travaillons en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest connaissent des précipitations très intenses, et donc des périodes de fortes inondations” décrit la coordinatrice du projet MAREMA, Valérie Borrell Estupina de l’Université de Montpellier, qui cite en exemple les rues de Yaoundé (Cameroun), régulièrement transformées en véritables torrents.
Autres problèmes lié à la gestion de l’eau : la pollution de l’environnement et les risques encourus par les populations riveraines. Assainissement, gestion et traitement des eaux usées, rejets mal maîtrisés, propagation par les inondations de produits chimiques utilisés dans l’agriculture… Au total, les défis techniques et scientifiques liés à la gestion de l’eau sont aussi nombreux que complexes. Et ils présentent, pour le développement des grandes villes africaines, de très préoccupantes perspectives…
L’expertise montpelliéraine en sciences de l’eau
Le projet MAREMA cherche à transplanter en terres africaines un enseignement qui a fait ses preuves en France. “Pluridisciplinaire, le master “sciences de l’eau” de l’Université de Montpellier réunit un ensemble très étendu de disciplines très différentes : hydraulique bien sûr, mais aussi physique, biologie, chimie, sciences humaines et sociales ou encore géologie. Il est de fait le seul en France habilité à s’intituler ainsi”, poursuit Valérie Borrell Estupina, directrice de ce master.
Un projet extrêmement attractif pour les universités du Sud, qui se sont pleinement impliquées dans sa construction en amont. “Il suscite aussi beaucoup d’intérêt au Nord, indique Eric Servat, directeur de l’Institut Montpelliérain de l’Eau et de l’Environnement, qui représente les laboratoires impliqués dans ce projet. Nous offrons en effet aux chercheurs européens un nouveau terrain de découvertes : en évolution permanente, le master sciences de l’eau s’appuie sur de nombreux travaux de recherche.”
Bénin, Côte d’Ivoire et Cameroun
Adossé aux équipes de recherche et enrichi par l’analyse des besoins du marché du travail, le projet MAREMA se base sur des masters existants dans les universités partenaires du Sud : ces derniers seront progressivement aménagés pour parvenir à la création d’un parcours commun au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Cameroun.
Doté d’un budget de près de 800 000 €, le programme doit se poursuivre jusqu’à la fin 2019. A l’arrivée, un master en sciences de l’eau pleinement opérationnel. Et des retombées économiques pour les pays concernés : “ces formations répondent à un besoin fort du marché du travail africain face à des enjeux environnementaux et sociétaux majeurs. Le projet implique d’ailleurs de nombreux industriels. On peut être sûrs que les étudiants de cette nouvelle filière n’auront pas de difficultés à décrocher un emploi” indique David Sebag, expert pour ce projet.
Les principaux partenaires
- Agence Universitaire de la Francophonie, Belgique
- Institut de Recherche pour le Développement, France
- Institut National Polytechnique Houphouët Boigny, Côte d’Ivoire
- Université Abomey Calavi, Bénin
- Université Catholique de Louvain, Belgique
- Université de Barcelone, Espagne
- Université de Montpellier, France
- Université Grenoble Alpes, France
- Université Nangui Abrogoua, Côte d’Ivoire
- Université Ngaoundéré, Cameroun
- Université Yaoundé I, Cameroun
[1] Master Ressources en Eau et Risques Environnementaux dans les Métropoles Africaines
Crédit photo : Floriane Celle