Des signaux venus d’une autre galaxie

Grâce à un réseau de télescopes de dernière génération, une équipe internationale de chercheurs vient de détecter trois sources de rayons gamma de très haute énergie dans une autre galaxie. Une première qui nous en dira peut-être plus sur l’origine des mystérieux rayons cosmiques.
Trois sources de rayonnement gamma dans le Grand Nuage de Magellan, une galaxie satellite de la Voie Lactée : c’est ce que viennent de détecter les télescopes de l’observatoire HESS. Une découverte pas banale, car c’est la première fois que ces phénomènes sont détectés au-delà de notre galaxie. Ces messages venus du passé (il y a 170 000 ans) auraient bien des choses à nous raconter…

Invisible à l’œil humain

Les rayons gamma ? « Des concentrés d’énergie. Mille milliards de fois plus énergétiques que la lumière visible, ces ʺgrains de lumièreʺ se situent au-delà des rayons X, dans un domaine de longueur d’onde invisible à l’œil humain » explique Matthieu Renaud, astrophysicien au Laboratoire Univers et Particules de Montpellier.
Pour les repérer, il faut donc des instruments d’un genre très particulier. « A leur entrée dans l’atmosphère terrestre, ces rayons gamma émettent un flash très ténu de lumière bleutée (lumière Tcherenkov) que les caméras des télescopes de l’expérience HESS sont capables de détecter ». Situé en Namibie, ce réseau de quatre télescopes de 13 m de diamètre, récemment complété par un gigantesque télescope de 28 m, est l’un des instruments de détection de rayons gamma les plus sensibles au monde.

Mystérieux rayonnement cosmique

Si la découverte enthousiasme les spécialistes, c’est que l’observation de ces phénomènes rares pourra sans doute nous en dire un peu plus sur l’origine du « rayonnement cosmique », ce flux de particules qui semble présent partout dans l’univers et dans lequel la Terre baigne en permanence.
Un mystère particulièrement têtu : découvertes en 1912 par le physicien autrichien Victor Franz Hess, ces particules extraterrestres ne nous ont toujours pas dit d’où elles venaient…
« On pourra peut-être le découvrir grâce aux rayons gamma. Ce sont les meilleurs témoins des événements extrêmes de l’univers : les supernovæ et leurs vestiges, ou encore les pulsars et leurs nébuleuses à vent, issus de l’évolution des étoiles massives. Ce sont de très bons suspects dans notre enquête sur l’origine du rayonnement cosmique » éclaire Matthieu Renaud.

Nouveaux horizons pour l’astronomie

Une nébuleuse de pulsar, un vestige de supernova mais aussi une « superbulle » (structure formée par les vents puissants des étoiles massives et leurs explosions en supernovæ) : telles sont les sources des rayonnements gamma qui viennent d’être observés avec HESS.
Il y a une dizaine d’années, on ne connaissait que quelques sources gamma de très haute énergie dans l’immensité du ciel. On en comptabilise aujourd’hui plus d’une centaine, grâce à ces télescopes gamma qui comme HESS II, le plus grand d’entre eux, ont récemment permis d’ouvrir une nouvelle fenêtre d’observation en astronomie.
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