Éloquence en formation
Comment s’entraîner à prendre la parole en public quand on est à l’université ? A l’UM c’est grâce aux iTALKS. Une formation qui sort des sentiers battus pour permettre aux étudiants et étudiantes d’acquérir les compétences nécessaires afin de mieux diffuser leurs idées et faire de ces épreuves parfois tant redoutées de véritables moments de plaisir.
Examen, concours, présentation, entretien d’embauche… les occasions de prendre la parole en public ne manquent pas pour les étudiants et étudiantes. Pourtant, à cette idée, ils sont nombreux à évoquer le trac, l’angoisse et même la panique. Pour les aider à les affronter et même à en faire une perspective réjouissante, l’Université propose pour la 7e année consécutive les iTALKs. Au programme : des stages de théâtre et des ateliers d’écriture pour les préparer à monter sur scène pour un concours d’éloquence.
« Les iTALKs s’inspirent directement des Ted Talks, l’objectif c’est de proposer un accompagnement aux étudiants pour d’une part recenser les idées qu’ils souhaitent diffuser et d’autre part leur donner les moyens de les diffuser », explique Frauke Batbedat, régisseuse générale de la Maison des étudiants Aimé Schoenig. Et l’initiative a d’ailleurs germé chez les étudiants de l’association des doctorants en économie et gestion en 2015. Pour la concrétiser, Frauke Batbedat s’est entourée de professionnelles avec la comédienne Anne-Sophie Leyre et l’autrice Sarah Fourage qui assurent la formation des iTALKeurs.
Dédramatiser
« L’objectif premier c’est de dédramatiser l’idée de prendre la parole en public, commence Anne-Sophie Leyre de la Compagnie de l’Astrolabe. Je leur explique que c’est normal d’avoir le trac, c’est ça qui nous met dans les meilleures dispositions physiologiques pour se surpasser. Il n’y a pas de bons ou mauvais orateurs, apprendre à parler en public c’est une compétence qui s’acquiert ». Et c’est par un stage d’immersion de 3 jours avec la comédienne que les étudiants commencent leur entraînement. Ce premier stage est abordé comme un laboratoire où chacun (se) teste, se surprend, se dépasse, trouve en soi ses appuis… tout en s’amusant, par le biais d’exercices variés, souvent très ludiques. « Ici on apprend par le jeu. Interpréter c’est jouer de toute façon ! ».
Au programme, les fondamentaux : la gestuelle, la respiration, l’ancrage, le souffle, le regard, la voix. « C’est comme apprendre à conduire : il faut mettre en place les bases d’abord et c’est stressant les premiers kilomètres, mais ensuite on n’y fait plus attention et ça peut même devenir un plaisir ».
Et pour ouvrir la voie au plaisir d’être sur scène, la comédienne insiste sur l’importance du stage d’immersion en groupe. « Une certaine cohésion est nécessaire pour qu’ils puissent lâcher prise, ils doivent se sentir en sécurité et se sentir écoutés, précise celle qui considère les iTALKeurs comme une troupe de théâtre. La famille iTALKs, ce n’est pas juste un concours d’éloquence mais une aventure humaine ».
Préoccupations personnelles
Favoriser la cohésion du groupe, mais aussi poser ses idées et apprendre à gérer ses émotions, c’est l’objectif de ces trois premiers jours sur scène. « On commence par entrainer le corps qui est l’instrument, ensuite on rajoute le texte qui est la partition de musique ». Et pour créer leur mélodie, c’est Sarah Fourage qui les initie à l’art de l’écriture. « D’abord par des ateliers d’écriture collective en forme d’échauffement avec comme matière première des textes d’auteurs », explique-t-elle.
Après l’échauffement, les étudiants sont invités à travailler sur l’écriture de leurs propres textes. Car si certains arrivent avec une idée précise de ce dont ils ont envie de parler lors du concours d’éloquence, d’autres voient émerger leur thème au cours des ateliers. Un sujet qui peut se rapporter à leurs études, mais qui souvent reflète des préoccupations plus personnelles. « En créant les iTALKS nous avons voulu mettre en lumière la richesse et l’inventivité de la communauté universitaire et permettre aux différences de se rencontrer », souligne Frauke Batbedat.
L’éducation, la langue, l’art de la politique, l’année Covid, l’amour, le voyage, la musique, la confiance, le silence, le deuil… Les sujets choisis lors des éditions précédentes mettent en avant la dimension personnelle de leurs productions. « Ils mettent en mot ce qui les émeut », souligne l’autrice. Une fois leur sujet défini, les étudiants vont dans un premier temps travailler l’écriture d’un teaser d’une minute, « une écriture spécifique qui doit donner envie, on met en place un suspense ».
Coups de gueule poignants
Grâce à l’accompagnement personnalisé de Sarah Fourage, ils s’attellent ensuite à écrire leur présentation de 5 minutes pour le concours d’éloquence. « Je les aide à trouver leur angle d’attaque, mais mon travail consiste aussi beaucoup à les aider à couper dans le texte, c’est frustrant pour eux de n’avoir que 5 minutes de plateau au final ».
Une fois leur texte en main, les étudiants repartent pour un deuxième stage d’expression scénique et corporelle qui « sert quant à lui à interpréter, à incarner son propos, à s’approprier ses propres mots, y mettre de la force, des nuances et des couleurs, tout en gardant sa singularité », détaille Anne-Sophie Leyre. Les voilà armés pour 5 minutes d’émotion sur scène avec parfois « des coups de gueule poignants pour une génération qui affronte des problématiques complexes », souligne Sarah Fourage.
La réunion de présentation de cette 7e édition qui a eu lieu le 11 octobre a rassemblé une centaine d’étudiants de la licence au doctorat issus de toutes les composantes de l’Université. Une vingtaine d’entre eux auront la chance de participer à cette formation puis au grand final du concours d’éloquence qui se déroulera le 28 mars 2023. Un concours pas comme les autres dont tout le monde ressort gagnant, « Il ne s’agit pas d’une compétition contre les autres mais d’un dépassement de soi, tout le monde y gagne », souligne Anne-Sophie Leyre. « Le mot d’ordre des iTALKS c’est « Amusons-nous sérieusement », souligne Frauke Batbedat. De l’avis de tous, le défi est relevé.