Inflanet : former les futurs experts et expertes de l’inflammation
Le laboratoire LPHI coordonne depuis début 2021 un projet international dédié à l’étude du processus d’inflammation. Inflanet, met en réseau huit universités et centres de recherche ainsi que deux entreprises dans 7 pays de l’Union européenne. Ce qui en fait un projet de recherche interdisciplinaire innovant mais aussi un programme de formation intégrant 15 financements de thèse pour former les futurs experts et expertes européens en inflammation.
C’est un fait avéré scientifiquement : l’inflammation est liée à de nombreuses pathologies, notamment des maladies chroniques, dans le monde occidental. Ce qui a un impact non négligeable sur la société, qu’il s’agisse de la qualité de vie des malades ou du surcoût des soins de santé. D’où l’importance de la recherche sur le sujet. « Beaucoup de chercheurs et chercheuses travaillent sur l’inflammation, des médicaments sont développés, pourtant on ne comprend pas toujours très bien pourquoi dans certaines pathologies l’inflammation est exacerbée », reconnaît le Dr Mai Nguyen-Chi, chercheuse CNRS dans le laboratoire d’interactions hôte-pathogène (LPHI) spécialisé dans l’étude des processus infectieux.
Avec Georges Lutfalla, directeur du LPHI, elle est également co-coordinatrice scientifique d’un projet ambitieux : Inflanet. « La ligne directrice du programme scientifique d’Inflanet est d’essayer de comprendre comment l’inflammation va se mettre en place, comment, quand elle est déréglée, elle va conduire à des pathologies inflammatoires, et bien sûr travailler sur la recherche de traitements », détaille le Dr Mai Nguyen. Avant de compléter : « Quand elle est exacerbée, l’inflammation peut conduire à la mise en place de pathologies vraiment très diverses. C’est pourquoi il est important de les étudier. » Parmi les pathologies ciblées : de nombreux cancers, pour lesquels l’inflammation joue un rôle central, mais aussi des infections, des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) ou des maladies génétiques rares comme les interféronopathies de type 1.
15 étudiants et étudiantes en doctorat
Débuté en 2021, Inflanet est un programme de dimension européenne qui rentre dans le cadre de l’appel à projets MSC-ITN-2020-Innovative Training Networks. Comme tout projet porté par le réseau international de recherche Marie Skłodowska-Curie, il réunit un consortium regroupant des universités, des organismes de recherche et des entreprises. D’un budget total de près de 4 millions d’euros, Inflanet met en réseau huit universités, deux centres de recherche et deux entreprises du secteur privé, issus de sept pays européens différents : France, Pays-Bas, Slovaquie, Hongrie, Royaume-Uni, Espagne et Allemagne.
Ces douze structures, partenaires industriels compris, doivent chacune recruter un ou deux doctorants ou doctorantes, l’Université de Montpellier et le laboratoire LPHI en ont même recruté trois, soit au total 15 futurs experts et expertes de l’inflammation investis dans le projet jusqu’à fin février 2025. Issus de différentes spécialités (biologie, mathématiques, physique, étude du génome) ils participent tous au projet scientifique collectif intitulé “Training European Experts in Inflammation: from the molecular players to animal models and the bedside“. Chaque année, un séminaire rassemble l’ensemble des participants et participantes. L’occasion de faire le point sur les travaux en cours, mais aussi de favoriser les interactions tout en bénéficiant à l’apprentissage. Car le projet collaboratif de recherche Inflanet comporte également un volet formation destiné à renforcer la coopération interdisciplinaire et intersectorielle.
Immersion obligatoire
Ainsi, une véritable formation complémentaire à la formation initiale des étudiants est proposée tout au long du projet à travers un planning très varié de workshops : management de la recherche, propriété intellectuelle, open science, MOOC, serious game, rédaction de demandes de financement… Sans oublier des réflexions approfondies sur l’éthique, la responsabilité ou la diversité dans la recherche. Autre particularité du projet : le « secondment », sorte de stage supervisé. « Les doctorants sont obligés d’effectuer au moins un secondment, soit un séjour de détachement, dans au moins un laboratoire ou chez un industriel du réseau », explique Veronika Peciarova, manager de projet Inflanet. Actuellement, un doctorant du CNRS et une doctorante de l’Université de Leiden aux Pays-Bas sont accueillis à Montpellier pendant deux mois, tandis que Resul, doctorant en biologie de Montpellier, est en ce moment à Bratislava pour travailler avec une équipe de mathématiciens sur l’identification des cellules immunitaires.
Une immersion fructueuse sur le plan individuel comme collectif. « C’est l’intérêt de l’interdisciplinarité : Il y a certaines choses que nous ne savons pas faire en tant que biologistes, nous nous rapprochons de physiciens ou de mathématiciens ce qui nous ouvre de nouveaux horizons pour développer d’autres outils d’analyse, et tout simplement voir les choses différemment… », note le Dr Nguyen-Chi. Quant au fait de travailler avec des industriels, cela encourage le développement d’approches innovantes en lien avec des technologies de pointe. La société allemande Acquifer développe des systèmes destinés à automatiser le criblage de médicaments tandis que l’entreprise slovaque Tatramed propose des solutions liées à l’analyse de l’imagerie médicale. Les industriels bénéficient de cette collaboration avec le monde universitaire pour améliorer leurs produits, un cercle vertueux qui facilite le partage des connaissances et l’émulation collective.
Ce que nous détaille Dr Nguyen-Chi : « Nous générons des vidéos liées à l’inflammation, par exemple pour faire du traçage des cellules de l’immunité, comme les macrophages ou les neutrophiles, afin de savoir comment elles sont recrutées, comment elles vont s’activer et se disperser. Le fait qu’elles se disséminent est très important pour résoudre l’inflammation. Les équipes de biologistes réalisent des films grâce à la microscopie destinées à visualiser ces cellules afin que les mathématiciens puissent ensuite identifier les cellules et développer des outils pour les suivre dans le temps. Et comprendre ainsi de quelle manière elles sont attirées vers un site particulier, mais aussi comment elles pourront s’en échapper ! » À terme le projet interdisciplinaire Inflanet, dont la fin est prévue en février 2025, devrait permettre de contribuer à la mise au point de nouvelles stratégies thérapeutiques tout en formant une nouvelle génération d’experts européens en inflammation, capables d’avoir une vision d’ensemble et une approche innovante du processus inflammatoire. Tout un programme.
Les douze partenaires du projet qui reçoivent des doctorants dans le cadre du projet Inflanet :
France
Université de Montpellier (LPHI) – Institut Pasteur – CNRS
Pays-Bas
Centre médical de l’université de Radboud – Université de Leiden
Slovaquie
Université de technologie de Bratislava – Tratramed software
Hongrie
Université d’Eotvos
Royaume-Uni
Université de Sheffield – Université d’Edinburg
Espagne
Université de Murcia
Allemagne
Acquifer Imaging GMBH