[LUM#1] Du bois dont on fait le plastique

Tout le monde cherche, mais ils sont à ce jour les seuls à avoir trouvé une alternative naturelle et non toxique pour remplacer le bisphénol A. Grâce aux travaux des chimistes de l’Institut Charles Gerhardt, le plastique c’est fantastique.

Il était partout : dans les boîtes de conserve, les canettes de soda, les peintures, les biberons. Et pourtant, son impact sur la santé n’est plus à démontrer : même à très faible dose, il perturbe nos hormones. Le bisphénol A est interdit dans les emballages alimentaires depuis le 1er janvier 2015. Problème : aucun remplaçant digne de ce nom n’a été trouvé. En attendant les industriels utilisent deux substituts, le bisphénol F et le bisphénol S, des proches cousins. Tellement proches qu’ils sont eux aussi soupçonnés d’être dangereux pour la santé.

Une alternative unique made in Montpellier

« Seule solution : trouver un composé qui ait les mêmes propriétés que le bisphénol A, résistant aux chocs, à la chaleur et aux produits chimiques, mais qui ne soit pas toxique », explique Sylvain Caillol, chercheur à l’Institut Charles Gerhardt. Un challenge qui mobilise les chercheurs du monde entier et sur lequel Sylvain Caillol a commencé à plancher dès 2008. « J’ai travaillé pendant 10 ans dans l’industrie chimique, je savais donc que le bisphénol A était classé comme un composé toxique et qu’un jour ou l’autre il serait interdit ».

Lorsqu’il a rejoint l’ICGM, le chimiste précurseur a donc rapidement lancé des recherches pour trouver une alternative viable. Objectif : remplacer le bisphénol par un composé non dangereux et biosourcé. « Nous savions que ce qui conférait ses propriétés intéressantes au bisphénol A, c’est son cycle benzénique. Nous avons donc cherché dans la nature des molécules qui possédaient ce même cycle benzénique. » Et les chercheurs de découvrir le candidat idéal : la vanilline.

Naturel et écologique

Cette molécule qui provient de la lignine du bois a exactement les mêmes propriétés que le bisphénol A, sans en avoir les défauts. « La vanilline est utilisée depuis très longtemps dans l’agro-alimentaire pour aromatiser les yaourts notamment, elle est très biodégradable dans le corps humain et n’a aucun effet sur la santé », souligne le chimiste. Autre avantage : la vanilline est une alternative écologique. « Elle est tirée d’un matériau renouvelable, et son exploitation n’a pas d’impact environnemental en termes d’émission de gaz à effet de serre. Par ailleurs c’est une ressource qui peut être exploitée localement », précise Sylvain Caillol.

Des arguments qui font mouche pour les industriels : plusieurs entreprises se sont montrées intéressées. Après avoir testé avec succès la vanilline, elles sont prêtes à franchir le pas de la production à grande échelle. Une production dont le top départ pourrait être imminent, « d’ici quelques années si tout va bien ».

Écouter :

L’interview de Sylvain Caillol dans A l’UM la science : Un nouveau matériau recyclable made in UM

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