[LUM#10] Moins de sel pour plus de vie

Moins de sel pour moins d’accidents cardio-vasculaires ? C’est ce que suggèrent les recherches de Caroline Desmetz qui montrent qu’un régime appauvri en sel réduit le risque de fibrose cardiaque.

En France et dans l’ensemble des pays développés, un homme de plus de 40 ans sur six est concerné par le syndrome métabolique. Une pathologie conjuguant « l’hypertension à un trouble métabolique tels que l’insulino résistance, responsable du diabète de type 2, ou l’obésité » explique Caroline Desmetz, enseignante-chercheuse au laboratoire de Biocommunication en cardio-métabolique situé à la Faculté de pharmacie. « C’est le mal de nos sociétés aujourd’hui. »

Une cicatrice irréversible

Un syndrome métabolique qui multiplie par trois le risque d’accident cardio-vasculaire en favorisant notamment l’apparition d’une fibrose cardiaque, autrement dit d’une sorte de cicatrice sur le cœur. « Comme sur la peau, cette cicatrice est irréversible, vous l’avez à vie. Sauf que votre cœur est un muscle qui doit pouvoir se contracter pour fonctionner, ce que la cicatrice va empêcher » souligne la chercheuse. Une fibrose quasiment indécelable avant l’accident.

La prescription d’un régime appauvri en sel, dans le cadre du syndrome métabolique pourrait néanmoins permettre de prévenir l’apparition de ces lésions. C’est en tout cas ce que démontrent les premières expériences effectuées sur des rats. Les rongeurs présentant l’équivalent d’un syndrome métabolique mais bénéficiant d’un régime désodé ont effectivement développé moins de fibrose que les mêmes animaux qui consommaient une quantité de sel normale.

Des gènes sensibles au sel

Comment le sel ou plutôt son absence agit-il sur le mécanisme de la fibrose ? Deux éléments de réponse ont pu être dégagés. Caroline Desmetz et son équipe ont tout d’abord observé chez les rongeurs au régime sans sel « une diminution de la présence de certaines cellules immunitaires à l’origine d’une inflammation altérant le muscle cardiaque et créant des lésions ».

Mais la chercheuse s’est surtout intéressée à l’effet d’un régime désodé dans l’expression de certains gènes lors d’un phénomène peu décrit dans le mécanisme de la fibrose appelé transition endothélio-mésenchymateuse et qui désigne « la transformation de cellules endothéliales (des vaisseaux) en fibroblastes. Des cellules qui sécrètent du collagène responsable de la fibrose. »

Prix de recherche de la Société française de nutrition

Selon Caroline Desmetz, les expériences en cours semblent valider le fait que ce phénomène est bien atténué chez les animaux en régimes désodés. Reste à comprendre « quels sont les gènes plus spécifiquement impliqués et voir si nous pouvons les moduler ». En juillet dernier, Caroline Desmetz s’est vue décerner unprix de recherche par la Société française de nutrition, Un prix qui lui aura permis « de recruter une étudiante en master et de payer les réactifs nécessaires aux expériences » dont la note reste toujours, quant à elle, bien salée.

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