[LUM#11] Du bruit pour les cellules sénescentes

Comparer les cellules sénescentes qui, avec l’âge, s’accumulent dans nos articulations, au voisin bruyant d’un immeuble, il fallait y penser. Une image drôle et percutante qui a valu à Yassin Tachikart, doctorant en biologie, sa victoire à la finale régionale du concours « Ma thèse en 180 secondes » et sa qualification en finale nationale.

© MT180 – CPU / CNRS. David Pell

Pour la deuxième année consécutive c’est le laboratoire Cellules souches, plasticité cellulaire, médecine régénératrice et immunothérapie, qui a fourni à l’Occitanie son vainqueur au concours « Ma thèse en 180 secondes ». Yassin Tachikart a en effet succédé à Nadège Nziza en remportant la finale régionale du concours avant de se hisser, avec Valentin Chaput, second Montpelliérain, jusqu’à la grande finale nationale qui s’est déroulée à Grenoble en juin dernier.

Des cellules bénéfiques

Doctorant à l’Inserm sous la direction de Jean-Marc Brondello, Yassin Tachikart, qui cumule thèse de pharmacie et de biologie, travaille depuis trois ans sur le rôle de la sénescence des cellules souches dans l’arthrose du genou. « La définition scientifique de la sénescence c’est l’arrêt de la prolifération explique le jeune chercheur, une cellule sénescente c’est une cellule qui ne peut plus se diviser. »

Contrairement à l’idée reçue, les cellules sénescentes jouent un rôle dans notre organisme tout au long de notre vie, et même un rôle particulièrement bénéfique puisque « à la base ces cellules interviennent pour réparer les tissus lésés en provoquant la différenciation de cellules autour d’elles ou en impliquant le système immunitaire » détaille le doctorant. De la même manière, lorsqu’une cellule accumule des mutations et risque de devenir cancéreuse, la sénescence agit comme un moyen de défense. « Pour empêcher l’apparition de cancer et la division anarchique, ces cellules vont devenir sénescentes et être éliminés par le système immunitaire. Donc en théorie, oui, c’est vraiment génial ! ».

Une accumulation liée au vieillissement

Problème : pour diverses raisons liées au vieillissement, ces cellules apparaissent plus rapidement ou ne sont plus correctement éliminées et vont venir s’accumuler dans les articulations. Elles vont alors perturber leur environnement en diffusant autour d’elles des molécules inflammatoires à l’origine de maladies telles que l’arthrose. Pour reprendre l’image de Yassin, elles deviennent alors « ce voisin qui à 4h du matin va mettre la musique à fond et réveiller tout l’immeuble. »

Dans son travail de thèse qu’il soutiendra en octobre 2019, le chercheur a mis en évidence « le rôle d’une protéine qui provoque la sénescence des cellules articulaires. Elle pourrait nous permettre d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. » Une partie de ces travaux devraient prochainement faire l’objet d’une publication dans la revue scientifique Aging et a déjà fait l’objet d’une publication dans la revue Les cahiers de myologie (Cibler les cellules sénescentes, 2018) .

Les moyens de le faire

Une belle conclusion pour celui qui proposait sur la scène du MT180 de ne plus « ajouter des années à la vie, mais de la vie aux années ». En attendant, à 28 ans, la sienne de vie est bien devant lui. Et si Yassin ne manque pas de projets il préfère rester ouvert à toutes les opportunités. « Ce que je veux vraiment c’est faire de la recherche. Que ce soit dans le public, dans le privé au travers d’une start-up, en France ou en à l’étranger, du moment qu’on m’en donne les moyens, j’irai. » Des recherches à suivre pour envisager nos vieux jours plus sereinement.

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