[LUM#12] Dépolluer par les plantes

Pauline Adler est au chevet des sols pollués, qu’elle guérit avec… des plantes. Des travaux de recherche à la frontière entre la chimie et l’écologie qui lui ont valu de décrocher le prix jeunes talents l’Oréal pour les femmes et la science”.

© Fondation l’Oréal

Ce sont des terres arides, à vif. De leur couverture végétale il ne reste rien après le passage d’une industrie qui a tout rasé afin d’accéder au sol pour exploiter les précieux minéraux qu’il recèle. Plus rien… ou presque. « Sur ces anciens sites miniers, on trouve en fait certaines plantes qui poussent sur une terre pourtant toxique pour la plupart de leurs congénères », explique Pauline Adler.

Phyto-extraction

Au sein du laboratoire de chimie bio-inspirée et d’innovations écologiques, la jeune chercheuse étudie avec Claude Grison ces plantes particulières, dites métallophytes. « On dit également que ce sont des plantes hyperaccumulatrices de métaux lourds, elles sont capables d’extraire et de stocker des substances comme le nickel, le manganèse ou encore le zinc. C’est ce qu’on appelle de la phyto-extraction ».

Des propriétés qui les rendent précieuses aux yeux de Pauline Adler. « Nous les utilisons justement pour restaurer ces anciens sites miniers où elles sont utiles à double titre ». D’une part ces plantes permettent de revégétaliser ces sols nus à la merci de l’érosion et de les stabiliser afin d’éviter que le vent et la pluie ne dispersent ces particules toxiques. « Et d’autre part leur propriétés hyperaccumulatrices permettent littéralement de dépolluer les sols de ces métaux lourds ».

Ecocatalyseurs

Car zinc, manganèse ou nickel, une fois captés par les plantes, restent prisonniers de leurs feuilles. C’est là que les chimistes entrent en piste. « La particularité de nos travaux, c’est que nous sommes capables de récupérer ces métaux lourds afin de les valoriser en les utilisant par exemple dans l’industrie chimique ou pharmaceutique où ils servent de catalyseurs à de nombreuses réactions chimiques », détaille la chercheuse. Des « écocatalyseurs » qui ont un bel avenir devant eux à l’heure où l’on mise sur l’économie circulaire.

Pauline Adler et ses collègues se lancent aujourd’hui un nouveau défi : la dépollution des eaux. « Certaines plantes aquatiques ont elles-aussi des propriétés phytoaccumulatrices, nous misons dessus pour décontaminer les systèmes aquatiques, comme par exemple en Nouvelle-Calédonie où des rivières sont polluées par le nickel issu des sites miniers ».   

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