[LUM#19] Au charbon !
Améliorer les procédés de fabrication du charbon de bois, combustible majoritairement utilisé dans les pays du Sud, c’est un des axes de recherche du laboratoire BioWooEB.
C’est l’énergie des villes des pays du Sud : le charbon de bois. « A ne pas confondre avec le charbon fossile extrait des mines, précise Kévin Candelier. Le charbon de bois lui est produit par un processus de chauffage du bois en absence d’oxygène que l’on appelle carbonisation ou pyrolyse lente », explique le chercheur du laboratoire
BioWooEB1. Pourquoi du charbon de bois plutôt que du bois ? « Le charbon présente un contenu énergétique supérieur par unité de masse à celui du bois de feu, il brûle plus lentement et émet moins de fumée durant la combustion », répond Kevin Candelier. Léger, facile à transporter et à stocker, c’est le combustible des ménages urbains dans les pays du Sud. En République démocratique du Congo, 90 % de la population vivant dans la capitale Kinshasa dépendent principalement du charbon pour la cuisine d’après l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation.
Selon son dernier rapport sur la situation des forêts dans le monde, la consommation de charbon de bois ne cesse d’augmenter du fait de l’accroissement démographique, de l’urbanisation dans les pays en développement ou émergents « et de son coût plus abordable comparé à d’autres sources d’énergie », précise François Pinta, également chercheur à BioWooEB. Conséquence : la consommation mondiale de charbon de bois a progressé de 20 % environ au cours des 10 dernières années, ce qui contribue à mettre en tension une ressource forestière déjà sous pression.
« Dans les pays en développement, la plus grande partie du charbon de bois est produite de façon artisanale à l’aide de techniques simples qu’on appelle des meules de carbonisation : on empile le bois en tas compacts qu’on recouvre de végétaux et de terre pour créer une enceinte fermée, puis on chauffe le bois qui devient du charbon », illustre Kévin Candelier. Cette méthode traditionnelle permet d’atteindre des rendements de conversion de 13 à 27 % seulement, ce qui signifie qu’il faut entre 3,5 et 8 kilos de bois pour produire 1 kilo de charbon, en fonction des procédés utilisés.
Améliorer ces procédés, c’est un des axes de recherche qu’explore le laboratoire BioWooEB depuis 40 ans. « L’un des enjeux est d’améliorer les rendements de conversion de la matière, notamment en choisissant bien les essences de bois mais aussi en améliorant les pratiques existantes ou en développant de nouveaux procédés de production du charbon plus respectueux vis-àvis de l’environnement et moins pénibles pour les charbonniers », précisent les deux chercheurs. Un enjeu de taille pour répondre à la demande croissante en charbon tout en préservant les ressources en bois.
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- BioWooEB (Cirad) ↩︎