[LUM#2] L’éco-conception au chevet des poissons
Ports, jetées, digues… Comment protéger les poissons des coulées de béton qui remodèlent sans cesse nos côtes ? L’éco-conception a désormais son mot à dire.
La mer, il est tombé dedans quand il était petit. « Plonger, pêcher, observer les poissons… j’ai passé toute mon enfance la tête dans l’eau ». Son modèle ? Le commandant Cousteau. Alors quand vient le moment de trouver sa voie, celle de Matthieu Lapinski est toute tracée : il sera biologiste marin. Une voie qui passe par la Faculté des sciences de Montpellier, et son master Ingénierie en écologie et en gestion de la biodiversité.
Abris et récifs artificiels
« Au cours de mes études, j’ai appris que l’entreprise Egis recrutait un ingénieur spécialisé en biologie et écologie marine. Ils voulaient quelqu’un qui ait 3 à 5 ans d’expérience professionnelle », se souvient Matthieu Lapinski. Lui n’a pas encore son diplôme, ni l’expérience requise. Mais la mer, il la connaît par cœur. « Je suis celui qu’il vous faut », dit-il. C’était le job de ses rêves, c’est devenu son travail.
Son travail ? Protéger le milieu marin. « Je fais de l’éco-conception d’ouvrages maritimes et portuaires, explique Matthieu Lapinski. Ma mission c’est de minimiser l’impact des constructions humaines sur le milieu aquatique ». En créant par exemple des abris pour les jeunes poissons dans le grand port maritime de Marseille.
Car ces ados turbulents ont besoin d’espaces protégés. « Dans les ports, les juvéniles de poisson n’ont plus aucun endroit pour se mettre à l’abri alors que ce sont des zones qui grouillent de prédateurs ». Ou encore en concevant des récifs artificiels, « des maisons en béton pour les poissons, qui reproduisent leur milieu naturel quand celui-ci a disparu », explique l’ingénieur spécialisé en biologie et écologie marine.
Respecter les écosystèmes marins
Un métier tout nouveau, qui a vu le jour il y a à peine quelques années « grâce à une prise de conscience écologique de la société face une dégradation importante de nos océans ». Mais aussi parce que la réglementation a évolué. « Désormais, on est tenus de prendre en compte l’impact de l’homme sur le milieu ».
Une digue de protection doit être installée en zone côtière pour lutter contre la montée des eaux liée au changement climatique ? « Dans ce cas, on intervient dans l’accompagnement environnemental du projet ». L’idée : faire de la nouvelle digue une composante à part entière de l’écosystème marin. Un véritable challenge qui nécessite de concilier des contraintes techniques, économiques et environnementales. La fin de l’urbanisation anarchique des littoraux ? « Aujourd’hui, les solutions techniques existent. A nous de les mettre en œuvre ».
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