[LUM#5] Comme les oiseaux du ciel
Pendant un an, Anthony Pottier a parcouru à vélo les routes d’Amérique latine. Avec un projet singulier : apporter ses compétences dans le domaine de la gestion de l’eau. Une expérience qui a changé sa vie.
Il y a peu de temps, Anthony peinait sous les dentelles vives de la Cordillères des Andes, suait sur le miroir blanc du plus grand désert de sel au monde ; escaladait le sud Lipez et ses 5 000m de dénivelé : un col sans la moindre trace d’asphalte, mais des cailloux, du sable, et au-dessus un ciel immense. Pour vivre cette aventure, il avait lâché son appartement, vendu sa voiture, oublié ses habitudes.
« Aider, mais aussi rencontrer, apprendre »
Une aventure qu’il a voulue tournée vers les autres. Diplômé en sciences et technologies de l’eau à Polytech Montpellier, Anthony Pottier avait cette envie : être utile. « Le projet allait bien au-delà d’un simple défi sportif ! L’idée : s’arrêter dans des villages, aider les communautés en apportant mes compétences dans le domaine de l’eau. Un enjeu crucial : beaucoup de populations d’Amérique latine souffrent d’un accès insuffisant à cette ressource vitale ».
Aider, mais aussi « rencontrer, apprendre ; voir émerger ce que pourrait être le monde de demain ». Avec simplicité, il parle de « s’intégrer aux projets locaux de développement ». Pas facile pourtant d’apporter ses compétences à de petites municipalités souvent peu organisées. L’ancien étudiant fait donc appel à son employeur, Veolia, pour obtenir des contacts. S’arrête 3 semaines en Colombie pour aider à mettre en route une station d’épuration. Donne de son temps, apporte ses lumières, en Equateur ou au Pérou : partout où ses connaissances et son énergie trouvent à s’employer.
Expérience libératrice
Entre deux chantiers, il aura connu Oaxaca et les splendeurs du Machu Picchu, les glaciers du Pérou et le lac Titicaca, l’enfer paradisiaque d’une Bolivie sans asphalte, ou encore la mythique « route 40 » qui transperce l’Argentine du Nord au Sud. « J’ai renoué avec mes émotions. Je me suis vu rire aux éclats seul dans certaines situations, avoir les larmes aux yeux aux sommets de certains cols difficiles. Tout est amplifié… tout est plus vrai. On ne triche plus ».
Solitaire, mais jamais isolé : « on n’est jamais seul quand on est en vélo ! » sourit-il. Faisant le buzz partout, apparaissant dans la presse ou dans les news TV, Anthony Pottier multiplie les rencontres. Elles sont riches. Au fil de la route, quelque chose change en lui, quelque chose de profond. Vivre avec moins de 10 euros par jour ? Une expérience « libératrice », dit-il. « On n’a plus besoin de rien, ni peur du lendemain. Le partage, la générosité, l’entraide font partie du lot quotidien : ce sont quelques fruits, de l’eau, des gâteaux qu’on vous tend, parfois avec un “tu l’aurais fait pour moi”. Mon horizon s’est élargi. Je donne beaucoup plus depuis… »
Rencontres brèves et lumineuses, qui font leur chemin en lui. Anthony était parti avec de grandes idées. Après une année au grand vent de la route, il revient avec une moisson de petites découvertes. Elles sont le sel de la terre.
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