[LUM#13] Ma petite entreprise surmontera la crise

Une enquête réalisée auprès des chefs d’entreprise révèle que si la crise sanitaire a accru le risque de burn-out, elle a paradoxalement renforcé des traits psychologiques déterminants pour la santé des dirigeants et de leur entreprise. Un processus conceptualisé par Olivier Torrès sous le terme de « capital salutopreunarial » ou « décret de la volonté ».

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Dire que les entreprises ont subi de plein fouet les mesures liées à la crise sanitaire ne surprendra personne. Pourtant les conséquences ne sont pas forcément celles que l’on attendait et c’est ce que démontre Olivier Torrès*, économiste spécialiste de la santé des chefs d’entreprise et président de l’observatoire Amarok, dans une étude menée auprès de 1 925 chefs d’entreprise pendant les deux mois de confinement.

Le burn-out d’empêchement

Premier constat, paradoxal en apparence dans une période marquée par une cessation d’activité, l’augmentation du risque de burn-out. Au cours de l’étude, 34,5 % des personnes interrogées présentaient un risque contre 17,5 % en 2019 et 9 % étaient déjà jugés en phase sévère. « Nous sommes face à un risque de tornade tel qu’on n’en a jamais mesuré, estime l’économiste, les seuls chiffres que j’ai au-dessus sont ceux des agriculteurs. »

Un phénomène qui interroge puisque l’étude révèle par ailleurs une amélioration de la santé physique des entrepreneurs qui ont pu profiter du confinement pour ralentir et se reposer. La santé mentale et la qualité de sommeil se sont, elles, fortement dégradées en lien avec la montée du sentiment d’impuissance et d’être coincé. « Les déterminants ont changé et nous sommes passés d’un burnout d’épuisement à un burn-out d’empêchement » explique Olivier Torrès.

Une mutation qui met en évidence « la valeur centrale pour ne pas dire existentielle » du travail pour les entrepreneurs qui, durant ces deux mois, ont manifesté davantage d’inquiétude à l’idée de déposer le bilan qu’à celle d’être gravement atteint par la Covid-19. Pour autant le chercheur ne se veut pas alarmiste : « Ce chiffre est complètement lié au confinement. Le sentiment d’être impuissant va s’estomper avec le redémarrage de l’économie. »

Le concept « salutopreunarial »

Une reprise économique favorisée par le second constat de cette étude, plus positif. En effet, si l’optimisme est en berne, les réponses aux questions relatives à la résilience, à l’auto-efficacité, à la capacité de s’adapter et de mener des actions en cohérence avec soi-même, ou encore à la volonté de donner du sens à ses actions et d’en assumer les conséquences témoignent d’une nette augmentation de ces traits chez les entrepreneurs pendant la période de confinement.

« Ces variables répondent à deux fonctions essentielles pour les chefs d’entreprises que sont le ‘’problem solving’’ [résolution de problème] et le ‘’sens making’’ [création de sens] et constituent ce que je nomme le capital salutopreunarial. Il définit une sorte de décret de la volonté. » Or le chercheur a pu mesurer que les personnes fortement dotées de ce capital sont non seulement en meilleure santé mais présentent également les meilleurs résultats entrepreneuriaux. Une étude qui démontre à nouveau le rôle fondamental que peut jouer la psychologie sur la scène économique et qui donne raison à la célèbre maxime : vouloir c’est pouvoir !

*MRM (UM, Université de Perpignan VIa Domitia, Montpellier Business School)