Montpellier-Sherbrooke : l’entente durable

Du 18 au 21 juin à Sherbrooke (Québec), les 9e rencontres scientifiques Montpellier-Sherbrooke ont réuni chercheurs et chercheuses, enseignantes et enseignants ainsi que représentantes et représentants académiques de l’Université de Sherbrooke (UdeS), de l’Université de Montpellier et de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 (UPVM3). Au programme : colloques scientifiques et ateliers institutionnels, notamment sur la question, centrale et partagée par tous, du développement durable. 

Plein soleil sur les relations transatlantiques entre Montpellier et Sherbrooke, et cela fait plus de vingt ans que cela dure. En ouverture des 9e rencontres scientifiques Montpellier-Sherbrooke, qui se déroulaient du 18 au 21 juin à Sherbrooke (Québec), Pierre Cossette, actuel recteur de l’UdeS affirmait avec enthousiasme : « Les liens virtuels c’est bien, mais les rencontres restent l’occasion de se connaître, comprendre, explorer de nouvelles collaborations, réellement partager. »

Depuis 2006, ce rendez-vous est programmé tous les deux ans alternativement au Québec ou à Montpellier, organisé conjointement par l’Université de Sherbrooke (UdeS), l’Université de Montpellier et l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 (UPVM3). Il a été pensé comme un moment d’échange destiné à renforcer et développer des partenariats de recherche et de formations conjointes tout en tissant de nouveaux liens, tant dans les domaines de pointe des trois universités que dans celui du partage de bonnes pratiques institutionnelles. Le tout dans un contexte francophone privilégié.

Accord stratégique partagé

Cette année, l’événement a donné lieu au renouvellement de l’accord-cadre d’alliance stratégique reliant les trois universités, signé par Pierre Cossette, François Pierrot, vice-président en charge des relations internationales à l’UM et Isabelle Launay, vice-présidente déléguée à la vie du campus à l’UPVM3. « C’est un partenariat très important, affirme Pierre Cossette. Au fil des années, il y a eu beaucoup de mobilités étudiantes, autant françaises que québécoises, des professeurs sont venus et de nombreuses collaborations scientifiques ont eu lieu dans une grande variété de domaines : science, droit, éducation, génie, sciences de la santé… ».

Ce que confirme François Pierrot : « En effet, les partenariats et échanges ont été variés. Pour l’Université de Montpellier, cela concerne quasiment toutes nos entités : facultés, écoles instituts, bien sûr, mais aussi directions centrales ou laboratoires. Pendant longtemps, l’Université de Sherbrooke a été vue par l’UM comme une référence pour tout ce qui concernait la vie étudiante et les innovations pédagogiques. De plus en plus, nous la regardons comme un partenaire extrêmement puissant, motivant et inspirant pour la recherche et l’innovation. »

Croiser les regards entre France et Québec

Pendant trois jours, près de 40 ateliers scientifiques ou institutionnels sur le thème « Regards croisés » ont réuni plus de 200 participantes et participants, en présentiel sur le campus principal de l’Université de Sherbrooke ou à distance. Et ce dans un vaste champ de domaines : droit, école de gestion, génie, lettres et sciences humaines, éducation, médecine et sciences de la santé, sciences, sciences de l’activité physique…  Ces moments partagés ont permis aux enseignantes et enseignants, chercheurs et chercheuses de se rencontrer, d’échanger sur leurs pratiques, de faire le point sur leurs collaborations mais aussi de réfléchir à de nouvelles voies à explorer d’un point de vue scientifique comme pédagogique.

Ainsi, il a été possible de découvrir les coulisses de lieux situés sur le campus de l’UdeS, tous deux inaugurés en 2023, lesquels permettent à étudiantes et étudiants de mettre en application leurs apprentissages en grande autonomie tout en se confrontant directement au monde professionnel. A commencer par l’Usine-école Siboire, organisme non lucratif soutenu par la micro-brasserie locale Siboire et un consortium d’entreprises, au sein de laquelle « tous les postes de direction, direction générale, opération, marketing sont occupés par des étudiantes et étudiants » comme le précise son coordonnateur Steve Dussault. Les participants ont même pu déguster en avant-première la bière collaborative qui y a été conçue en étroite collaboration avec Polytech Montpellier dans le cadre du projet Débryde. Quant au Studio de création, soutenu par la fondation Huguette et Jean-Louis Fontaine, il s’agit d’un lieu de création, d’innovation technologique, de formation et d’entrepreneuriat accessible 24h/24 à l’ensemble de la communauté étudiante du campus.

Parmi les autres composantes de l’UM présentes lors de ces rencontres scientifiques, citons aussi l’Institut d’administration des entreprises (IAE) et Montpellier management (MOMA). Ainsi que des laboratoires comme le LIRMM, ou encore le centre Icireward dédié aux sciences de l’eau. Une diversité essentielle pour aborder au cours de trois jours très denses des thématiques aussi variées que la robotique humanoïde, la cybersécurité, la santé mentale, le design thinking appliqué à la pédagogie… D’autres rencontres se sont tenues sur le thème de l’innovation, du transfert de technologie et des recherches partenariales entre entreprises et université. « L’Université de Sherbrooke a ainsi pu mettre en lumière des dispositifs très avancés pour, par exemple, renforcer les liens entre les chercheurs et les petites entreprises, appuyer la maturation des technologies, mais aussi, dispositif qui fait défaut à Montpellier, accélérer le développement des jeunes entreprises grâce à un fonds d’investissement dédié », analyse François Pierrot.

La transition écologique au cœur des échanges

En parallèle, des ateliers institutionnels étaient ouverts à tous les publics universitaires, certains étant axés sur le développement durable et la vie étudiante. Frédérique Carcaillet, vice-présidente déléguée aux enjeux environnementaux a présenté devant ses homologues de l’UdeS, Denyse Rémillard, vice-rectrice à l’administration et au développement durable et son adjoint Patrice Cordeau, la stratégie de développement durable de l’UM, notamment le schéma directeur pour la transition écologique (SDTE), adopté en novembre dernier. Elle était accompagnée d’Alexane Lequart, vice-présidente étudiante, qui a témoigné de la place de l’engagement en faveur de l’écologie au sein du schéma directeur de la vie étudiante (SDVE).

« Nos échanges ont mis en lumière nos points communs comme la nécessité d’avoir un document structurant, comme le SDTE à l’Université de Montpellier ou le référentiel de certification STARS pour UdeS pour engager l’ensemble de la communauté universitaire, personnels et étudiants », souligne Frédérique Carcaillet. « Cela a été aussi un moment inspirant avec la présentation de ‘l’antre du développement durable’, une sorte du bureau vert étudiant, qui coordonne les actions liées à la transition écologique des étudiantes et étudiants, indispensable pour assurer la visibilité et la continuité des actions à moyen et long terme ». L’Université de Sherbrooke, qui se félicite d’avoir atteintla carboneutralité,s’est de son côté montrée très intéressée par la cartographie de la biodiversité lancée sur le campus Triolet. « Une cartographie que l’on aimerait d’ailleurs étendre aux autres campus » précise la vice-présidente.

La délégation montpelliéraine a également découvert l’extraordinaire richesse écologique du parc du Mont-Bellevue, situé sur le campus de l’université, bientôt classé réserve naturelle et dont 75% de ses 200 hectares principalement forestiers appartiennent à l’UdeS. Dans deux ans, Montpellier accueillera à son tour l’université québécoise sur ses campus verdoyants. D’ici là, nul doute que de nombreuses collaborations scientifiques et d’échanges institutionnels auront fleuri des deux côtés de l’Atlantique.