Os artificiels, succès naturel
Des os synthétiques aux propriétés innovantes pour les patients qui ont besoin d’un implant dentaire ou ceux opérés pour une tumeur osseuse, c’est la promesse des travaux de Habib Belaid qui ont été récompensés par le prix de l’innovation de l’Université de Montpellier.
Chercheur post-doctorant à l’Institut européen des membranes dans le département « DM3 », Habib Belaid est lauréat du prix de l’innovation 2021-2022 pour le pôle chimie. Ce prix vient récompenser ses travaux originaux dans le domaine de la synthèse et la caractérisation de biomatériaux pour des applications en santé. Des biomatériaux ? « Ce sont des matériaux composites synthétisés à base de polymères capables de réparer ou remplacer un tissu », explique le chercheur.
Des matériaux qui ont la particularité de pouvoir être imprimés en 3D, ce qui ouvre des perspectives innovantes, notamment dans le domaine de la santé. « Ce polymère est développé comme substitut osseux », précise le chercheur. De l’os artificiel qui pourra être utilisé par exemple pour l’orthopédie en cancérologie.
Combler le déficit osseux
Lorsqu’un patient présente une tumeur osseuse, il faut procéder à sa résection, c’est-à-dire enlever la tumeur, ce qui laisse un « vide » dans l’os. C’est là que les travaux de Habib Belaid proposent une petite révolution. « Pour combler ce déficit osseux, le chirurgien fait un scanner de l’os pour modéliser avec exactitude sa morphologie. Ensuite, on peut imprimer en 3 dimensions précisément la partie de l’os manquante afin de venir combler ce déficit osseux ».
Cet os synthétique ne se contente pas de venir se substituer aux tissus d’origine, il présente en plus des propriétés particulières qui peuvent favoriser la guérison. « Lors de la synthèse des biomatériaux on peut rajouter un principe actif, celui que l’on utilise en cancérologie possède par exemple un effet anti-tumoral qui limite le risque de récidive ».
Ce polymère intelligent booste également la régénération de l’os avant de se résorber pour que l’os naturel ainsi reconstitué puisse reprendre toute sa place, une petite révolution pour les médecins comme pour les patients, qui devront cependant attendre encore un peu avant d’en bénéficier. « Le projet est en prématuration avec CNRS innovation, nous envisageons de lancer les premiers essais cliniques d’ici 5 à 6 ans ».
Personnaliser chaque tissu
« Mon cœur de métier, c’est la formulation des biomatériaux imprimés en 3D pour personnaliser chaque tissu osseux », précise le chercheur. Cette expertise en formulation de biomatériaux fonctionnalisés, Habib Belaid la met également au service de l’odontologie. « Nous avons rencontré des chirurgiens dentaires qui nous ont expliqué que parfois suite à l’extraction d’une dent le patient ne pouvait pas bénéficier de l’implant d’une prothèse dentaire à cause d’un déficit au niveau de l’os de la mâchoire ».
De la même façon que pour l’orthopédie, le chirurgien-dentiste va scanner la mâchoire du patient afin de la modéliser pour permettre d’imprimer en 3D de l’os artificiel qui va servir de support aux implants. « Là-aussi les polymères sont fonctionnalisés, ils possèdent des propriétés anti-bactériennes qui permettent de limiter le risque d’infection suite à l’opération. Nous avons d’ailleurs un brevet en cours de dépôt sur la formulation », détaille Habib Belaid. Pour développer ces recherches, le chercheur a d’ailleurs prévu la création de la start-up « NEXTMAT 3D ». Les essais précliniques sont déjà en cours et les essais cliniques sur patient devraient débuter d’ici 2 à 3 ans.