Rouages : “Tout concourt à raconter une histoire”
Thierry Vicente est dessinateur, maquettiste et graphiste à la direction vie des campus. Des couvertures du magazine Lum, aux affiches pour les grands événements de l’université en passant par les diverses plaquettes et logos, il façonne et signe de son style inimitable l’imaginaire de l’UM. Une mission qu’il nous raconte ce mois-ci dans la série vidéo Rouages produite par l’Université de Montpellier.
Certains et certaines ne connaissent peut-être ni son nom, ni son visage mais quiconque travaille à l’Université de Montpellier n’a pu passer à côté de son art. Des affiches de la journée portes ouvertes, aux tee-shirts UM en passant par les magnifiques couvertures du magazine Lum, Thierry Vicente ravit nos yeux depuis plus de dix ans. Après plusieurs saisons passées à la communication, c’est au sein de la direction vie des campus (DVC), que cet illustrateur, maquettiste et graphiste manie ses pinceaux et ses crayons désormais numériques. Hébergée dans le bâtiment 5 du campus Triolet, la DVC rassemble une cinquantaine d’agents « dont la mission principale est de contribuer à l’épanouissement des personnels et des étudiantes et étudiantes » résume Thierry Vicente qui officie au pôle événementiel et communication.
Parmi les nombreux moyens déployés pour assurer cette mission, on trouve l’organisation d’évènements phare qui marquent le tempo des années à l’UM : la journée portes ouvertes en février, la fête des personnels en juin, Noël… Ce sont aussi des actions de sensibilisation comme Donner des Elles à l’UM, la semaine de lutte contre le racisme et l’antisémitisme ou contre les LGBT+ phobies. « Je participe bien sûr avec ma direction à l’organisation et à la logistique de ces grands événements et même quand l’objectif est festif cela exige pas mal de boulot et d’investissement pour que chacun puisse en retirer du plaisir et du bien-être » confie Thierry Vicente.
Incarner une vision
Mais au-delà de l’organisation proprement dite de ces événements c’est bien dans la création d’un imaginaire propre à délivrer le message voulu que l’artiste se révèle. Qui à l’évocation de l’évènement Donner des Elles à l’UM n’a pas vu surgir dans son esprit cette affiche bleu nuit dont la calligraphie nous semble aujourd’hui si familière ? « C’est une typographie que j’ai dessinée à la main, elle représente à la fois un oiseau et le mot « elle ». Sur ce type d’affiche on représente souvent une femme ou un personnage, là nous souhaitions nous éloigner de cela pour que tout le monde puisse s’y retrouver » explique Thierry Vicente pour qui chaque support de communication est l’objet d’une réflexion collective.
Plaquettes, logos, guides, newsletters tout ce qui est de l’ordre de l’image à la direction vie des campus passe par ses mains… et sa tête. « Notre direction travaille en lien direct avec plusieurs vice-présidences. On part d’une vision qui est projetée par le politique et qui doit s’incarner dans les différentes actions mises en œuvre par la vie des campus, et donc pour moi, dans une mise en œuvre graphique. » Un logo UM revisité aux couleurs de l’arc-en-ciel pour la semaine de lutte contre les LGBT phobies, deux mains non genrées et croisées en X pour signaler les violences sexuelles et sexistes, un colibri fait de mots pour la journée portes ouvertes, des visages souriants pour la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. « Là aussi nous avons voulu être en rupture avec l’imaginaire attendu. On voit souvent des personnages revendicatifs avec des poings levés. Moi j’ai choisi de représenter quatre personnages, sans doute de nationalités différentes, en tous cas avec des profils différents ; ils forment un groupe et ils sourient et le slogan c’est : « Sourire à la différence ».
Lumière sur les couv’
Depuis 2015, Thierry Vicente est également la plume où plutôt le pinceau du magazine Lum qu’il illustre et met en page en collaboration avec Caroline Macker, graphiste à la direction de la communication. « En regardant la première et la dernière couverture, j’observe que mon travail a énormément évolué. Mes outils aussi ! J’ai commencé quasiment à la souris, maintenant j’ai les mêmes outils de peinture numérique que ceux qu’on utilise chez Pixar ou Disney et un écran qui se renverse grâce auquel je peux retrouver mes sensations de dessinateur.»
Vingt et une couverture en presque dix ans, dont certaines ont profondément marqué l’imagier de l’UM : un orang-outan serrant son petit contre lui (n°8), un ours polaire gambadant dans le désert (n°12), un bateau battant pavillon UM dans la tempête pour un numéro spécial covid, un explorateur sondant les profondeurs de l’océan (n°18) ou de la forêt pour la couverture particulièrement aboutie de la dernière édition. « C’est vraiment celle sur laquelle j’ai le plus travaillé, je ne dirai pas combien d’heures et j’ai adoré ça ! » Mais sa préférée reste la numéro 3, un profil d’enfant, celui de sa fille, Eva. « Il y a une pénétration entre mon travail professionnel et personnel, ce que je fais chez moi, ce que je vis nourrit mon travail ici à l’université et inversement, ce que je produis ici enrichit ma pratique personnelle ».
Bibliothèque intérieure
Et quand on demande à ce passionné ce qu’il aime tant dans son travail, la réponse ne se fait pas attendre : « Raconter une histoire ! Lumière, projection des ombres, composition, personnages, environnement… Tout concourt à raconter une histoire et ça je l’ai appris avec le temps. » Car ce n’est pas sur les bancs de l’école que Thierry Vicente a forgé son coup de crayon mais en autodidacte, par la seule force de l’observation, de la curiosité et en acceptant de faire beaucoup d’erreurs. « Quand on veut faire ce métier on a intérêt à constituer une grande bibliothèque intérieure dans laquelle on va ranger de la littérature, de l’art graphique, de la peinture, de la musique. Tout ce qui nous enrichit en tant qu’être humain c’est autant d’expériences qui vont permettre de créer, d’illustrer, de répondre à un besoin de mise en forme. »