Sarah Colombani, lauréate du BIM, lance OcciCal Therapeutics
Actuellement en cours de création, OcciCal Therapeutics souhaite finaliser un traitement capable de soigner un dysfonctionnement respiratoire fréquent en milieu hospitalier. Porteuse du projet, et ingénieure de recherche au laboratoire PhyMedExp, Sarah Colombani bénéficie du soutien du Booster innovation Montpellier (BIM), destiné à détecter et soutenir des projets innovants.
La jeune femme n’aurait jamais imaginé mettre un pied dans le monde de l’entreprise aussi vite. A peine huit mois après avoir décroché sa thèse, et propulsée par l’accompagnement express du BIM (Booster innovation Montpellier) dont elle est lauréate depuis début décembre, Sarah Colombani est en train de créer sa toute première start-up. Baptisé OcciCal Therapeutics, ce spin-off réunit en réalité cinq co-fondateurs issus de l’Inserm, du CNRS et de l’Université de Montpellier, où la plupart des expériences préliminaires liées au projet ont été réalisées.
Concrètement, elle et son équipe ambitionnent de venir à bout d’une maladie respiratoire fréquente, qui survient chez 70% des patients lorsqu’ils entrent en soins intensifs. “C’est une maladie méconnue du public, qui se développe à l’hôpital. Pour l’instant, on peut difficilement y échapper, et elle prolonge la durée d’hospitalisation de 5 jours en moyenne. Elle a donc contribué à l’encombrement des services de réanimation et à la saturation des lits d’hôpitaux pendant la crise de la Covid, où tout le monde a pu prendre conscience de l’enjeu de ce dysfonctionnement”, détaille-t-elle.
Alignement de planètes
Pour sa thèse, soutenue en juillet 2023, la chercheuse avait planché sur une pathologie cardiaque associée à l’autisme, dont souffrent nombre d’enfants, et qui lui a d’ailleurs valu d’être distinguée par la Fondation pour la recherche médicale. Un sujet porteur et en lien direct avec la pathologie respiratoire à laquelle s’intéresse OcciCal Therapeutics, puisque la protéine et le mécanisme mis en cause sont les mêmes. “Mais à la fin de ma thèse, je restais un peu sur ma faim. Je ne voyais pas d’impact concret sur le patient”, confie Sarah.
Alors au fil de discussions informelles avec les futurs cofondateurs, et d’autres chercheurs qui travaillaient sur le sujet depuis plus de 10 ans, l’idée a “germé” d’un coup d’un seul. “Tout s’est joué sur un alignement de planètes. Une partie de l’équipe avait déjà démontré la faisabilité de notre concept sur des modèles animaux proches de l’homme. Cela nous a permis de prouver l’efficacité de cette molécule miracle, synthétisée par les chimistes avec lesquels nous travaillons. Alors après qu’ils aient déposé un brevet en novembre 2022, on s’est dit qu’il fallait sauter le pas. On a eu ce déclic tous ensemble début 2023”, précise Sarah.
Le traitement qu’elle souhaite finaliser avec ses collaborateurs via OcciCal Therapeutics a donc été imaginé grâce à une conjonction de méninges et d’expertises multiples. Désormais appuyée par le financement du BIM, qui s’élève ici à 48 550 euros, la jeune femme s’apprête à passer à l’étape suivante. Dans un premier temps, il s’agira de trouver le solvant adéquat pour pouvoir administrer cette molécule chez l’homme sans en altérer l’efficacité. Elle et ses associés définiront ensuite le schéma thérapeutique à adopter, autrement dit en combien d‘injections et à quel intervalle… “Ce sont des expériences essentielles avant de pouvoir passer à la phase préclinique réglementaire”, ajoute la chercheuse.
“C’est la première fois que je pitchais le projet”
Dans cette success story prometteuse, le BIM a fait office d’accélérateur. Il a aussi permis à Sarah d’acquérir des compétences dans le domaine de l’entreprise sans passer par la case “école de commerce”. “Il a fallu tout apprendre. En la matière, je partais de zéro. Mais j’avais une réelle motivation. Je me suis dit que le BIM était un premier bon exercice”. Dans le cadre du Booster, en octobre dernier, l’ingénieure de recherche a en effet suivi trois jours de formation pour acquérir les rudiments du pitch. Après cette étape, elle s’est enfin lancée en compagnie de ses associés. “C’est la première fois que je pitchais le projet avec eux. On répondait aux questions en symbiose, face à des profils pluridisciplinaires, mais qui ne sont pas chercheurs. C’était un bon entraînement. Même si je n’avais reçu que deux euros, je crois que j’aurais perçu cela comme une victoire, étant donné les compétences acquises en si peu de temps”, sourit-elle.
A la clé, l’équipe a donc empoché une enveloppe conséquente pour lancer le projet, et bénéficie actuellement du soutien d’un parrain issu de l’écosystème de l’entreprise pour accompagner les premiers pas d’OcciCal Therapeutics pendant une année. En l’occurrence, l’agence régionale de développement économique AD’OCC… “Quand on vient d’un laboratoire de recherche, c’est précieux. J’ai énormément appris”, assure Sarah, qui espère pouvoir amener son traitement jusqu’aux patients d’ici 2035…