Schéma directeur handicap : concrétiser un idéal
Le 20 novembre dernier le conseil d’administration de l’Université a voté le nouveau schéma directeur du handicap (SDH) présenté par Agnès Fichard-Carroll vice-présidente Formation et vie universitaire et référente handicap de l’UM. Alors que 43 des 45 actions planifiées dans le précédents SDH ont été déployées et que la réussite des étudiants et étudiantes en situation de handicap a été inscrite dans le contrat d’objectifs, de moyens et de performance (COMP) 2023-2025, l’UM poursuit son engagement pour une meilleure inclusion des personnels, étudiants et étudiantes en situation de handicap.
Plusieurs mois d’échanges et de rencontres entre Agnès Fichard-Carroll et les personnels, étudiants et étudiantes en situation de handicap et les directions et services qui les accompagnent, au premier rang desquels la direction vie des campus avec le service Handiversité, ont précédé l’élaboration de ce document. « Ce schéma doit beaucoup aux forces et à l’inspiration des acteurs et actrices rencontrés tout au long de son élaboration. Pour les personnels en situation de handicap, ils étaient une trentaine à participer à ces rencontres ce qui est un bon signal, la crainte de voir exposer sa situation de handicap commence à s’estomper » souligne la vice-présidente.
Depuis 2020, date du dernier schéma directeur handicap, le cadre législatif en faveur d’une plus grande accessibilité s’est enrichi d’un décret (12 novembre 2021) et de deux circulaires (6 février 2023 et 27 mars 2023) relatifs aux aménagements des épreuves des examens et concours de l’enseignement supérieur pour les candidats en situation de handicap et au dispositif de santé en faveur des étudiants et usagers de l’enseignement supérieur. « C’est dans le respect de cette réglementation et des grands principes qui régissent notre action que nous allons continuer à déployer nos mesures, annonce Agnès Fichard-Carroll. Nous savons qu’accompagner n’est pas prendre en charge et encore moins imposer et qu’articuler une situation individuelle avec les attentes d’un collectif est compliqué mais ce nouveau schéma nous permettra de progresser collectivement. »
Réussite des étudiants en situation de handicap
L’axe sur lequel s’ouvre ce schéma directeur handicap concerne la réussite des étudiantes et des étudiants en situation de handicap. Leur proportion à l’UM a augmenté entre 2019 et 2023 passant de 2,41% à 3,44% pour une moyenne nationale de 2,2%, ce qui représente 1641 étudiants et étudiantes. « Grâce à un accompagnement qui s’est grandement amélioré durant leur scolarité, les étudiants et étudiantes accèdent plus nombreux et nombreuses aux formations universitaires. A l’UM leur pourcentage a doublé depuis 2015 ce qui représente une source de satisfaction. » 62% d’entre eux sont inscrits en premier cycle, 29% en deuxième, 5% en troisième cycle et 4% dans un autre cursus.
Pour favoriser leur réussite, l’UM propose une dizaine d’actions visant à mieux les accueillir et mieux les accompagner. « L’objectif ici est de proposer aux étudiantes et étudiants en situation de handicap les mêmes chances que les autres et d’engager la communauté auprès d’eux. » Tutorat handicap ; mobilités internationales ; accompagnements des étudiants hospitalisés ou encore gratification des stages… Côté accueil, un renforcement des signalétiques sur les campus et un appel à projet « Aliv’equip » sera lancé pour améliorer le confort des salles de repos réservées aux personnes en situation de handicap. « Cette mesure nous semble pertinente pour démontrer l’attachement de l’UM à la fois à l’équité et au service rendu » précise la vice-présidente. « Nous réfléchissons également à la mise en place d’un suivi de cohorte pour connaître la trajectoire des étudiants et étudiantes en situation de handicap passés par l’UM. »
Pour mieux accompagner les enseignants, clés de voute de ce dispositif, des ateliers sur les pratiques pédagogiques inclusives seront proposés par le CSIP en lien avec Handiversité et des fiches techniques sur la reformulation de la consigne dans le cadre d’examens par exemple seront fournies. « Souvent bienveillants mais démunis, les enseignants et enseignantes peuvent être désarçonnés par certaines situation, il faut donc poursuivre leur sensibilisation en les informant mieux sur les handicaps les plus fréquents et en leur expliquant certaines préconisations » poursuit Agnès Fichard-Carroll.
Accompagnement des carrières
« Les employeurs publics ont pour obligation d’employer 6% d’agents bénéficiaires de l’obligation emploi. A l’UM, les bénéficiaires de l’obligation emploi (BOE) étaient 206 en 2019 (4,57%) et 220 en 2023 (4,84%). Un pourcentage qui monte à 7,41% si l’on se penche exclusivement sur les bénéficiaires Biatss mais qui n’est que de 3,1% chez les chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants. Comme nous l’indiquons souvent, une des difficultés pour les universités d’atteindre le seuil des 6% règlementaire réside dans le pourcentage important de personnes hautement qualifiées à l’université (doctorat, HDR, au total plus de 50% d’agents de catégorie A) alors qu’il est avéré que les personnes en situation de handicap souffrent d’un déficit de formation Nous enregistrons toutefois une progression nette » résume la vice-présidente. Par comparaison, en 2020 le taux d’emploi direct des bénéficiaires de l’obligation emploi était de 2,65% à l’Université Paris-Cité, de 3,76% à l’Université de d’Aix-Marseille et de 4,26 % à Toulouse Paul Sabatier. Dans la fonction publique d’Etat, ce chiffre est de 4,36%.
« Nous savons qu’il existe des freins au recrutement par concours de personnes en situation de handicap. Le recrutement par la voie contractuelle pour les personnels Biatss est possible tout comme pour le corps des maîtres et maîtresse de conférence. Même si ce dernier dispositif reste difficilement applicable, l’UM a pu opérer un recrutement de MCU dans ce cadre cette année, ce dont nous nous réjouissons. Il nous parait opportun de continuer à nous saisir de toutes les possibilités offertes pour favoriser leur recrutement. » Toutes les actions menées en faveur d’un meilleur accompagnement de carrière pour les BOE dans le cadre du précédent schéma seront maintenues (communication, ateliers, aménagements spécifiques, contrat doctoraux au titre du handicap etc).
Mais l’emploi des personnes en situation de handicap ne se pense pas qu’en termes de recrutement puisque selon les chiffres du ministère de l’Education, 85% des personnes handicapées le deviennent au cours de leur vie. L’accompagnement de carrière est donc indispensable. Au titre de l’article 93 de la loi de la transformation de la fonction publique, deux possibilités de promotion par la voie du détachement seront ainsi proposées pour la première fois dans la campagne d’emploi. « Pour atteindre l’objectif de mieux accompagner les carrières des personnels en situation de handicap nous devons également pouvoir compter sur le réseau des assistants et assistantes de prévention présents sur tous les sites de l’Université. Une formation spécifique leur sera dédiée » explique Agnès Fichard-Carroll. Les actions d’accompagnement telles que le télétravail au titre du handicap ou l’allègement des services pour les enseignants et enseignants-chercheurs seront poursuivies. Il s’agira aussi de faciliter l’étude des postes de travail par le SCMPPS et le service Handiversité.
S’engager pour une meilleure inclusion
Le troisième et dernier axe de ce schéma directeur du handicap concerne l’accessibilité. « Notre objectif n’est pas uniquement d’accompagner les étudiants et étudiantes en situation de handicap lors de leurs études et les personnels dans le cadre de leur travail mais de leur permettre de bénéficier de l’ensemble des activités relatives à la vie universitaire dans un environnement qui leur soit favorable » précise la référente handicap. En ce qui concerne l’immobilier, plusieurs bâtiments ont été mis en accessibilité lors des récentes rénovations immobilières sur les campus de pharmacie, Triolet (Village des sciences entrez dans une nouvelle aire), Staps (Un chantier de réhabilitation exemplaire) ou médecine Nîmes (Nouvelles aires pour le site gardois de la Faculté de médecine Montpellier-Nîmes)..
Par ailleurs, l’inclusion doit aussi concerner les actions et évènements de la vie universitaire. Les invitations font désormais mention du handicap pour que les personnes n’hésitent pas à demander des aménagements. Beaucoup d’ateliers ou d’événements organisés par la direction vie des campus sont proposés en ligne, ce qui peut faciliter la participation des personnes en situation de handicap. « Nous devons également faire savoir que, grâce à un travail important réalisé par le service commun de documentation (SCD) nous disposons de l’agrément Platon nous autorisant à produire des versions adaptées (braille, format international DAISY etc) de toutes les œuvres disponibles. » Plus globalement une sensibilisation à l’accessibilité numérique sous la forme d’un vademecum simple sera réalisée.
Sur le volet social, la majoration des aidespour les personnels reconnus en qualité de travailleurs ou travailleuses handicapés (RQTH) concernant les bons spectacles et bons lecture ainsi que pour la pratique d’une activité culturelle ou sportive est poursuivie. « Il nous faut également tenir davantage compte des situations de handicap dans l’attribution des aides sociales aux étudiants et étudiantes » souligne Agnès Fichard-Carroll. Une politique globale en faveur de l’inclusion que l’UM souhaite exporter hors de ses murs en poursuivant la politique d’achat de l’établissement pour favoriser l’emploi des personnes en situation de handicap. Enfin les conférences grand public, source de beaucoup d’intérêt, et les ateliers de braille et langue des signes qui sont déjà pris d’assaut, continueront d’être régulièrement proposés. « Ce schéma directeur est un outil fondamental pour progresser vers l’équité. Le Président et moi-même espérons qu’il répond aux attentes des personnes en situation de handicap et nous remercions sincèrement tous les collègues qui ont apporté leur contribution et qui œuvrent au quotidien pour davantage d’inclusion.