[LUM#20] Sur Terre comme dans l’espace

Lorsqu’ils sont moins utilisés, nos muscles finissent par se déconditionner. Pour mieux accompagner les cosmonautes soumis à ce phénomène après un long séjour dans l’espace, les spécialistes proposent des protocoles d’étude innovants.

© NASA / 2002

Marcher, courir, sauter, mais aussi tout simplement se tenir assis ou debout, en temps normal nos muscles sont sollicités toute la journée. « Le simple fait de résister à la gravité terrestre implique de mobiliser notre système musculaire », explique Angèle Chopard, chercheuse au laboratoire Dynamique du Muscle et Métabolisme1. Mais que se passe-t-il pour les cosmonautes qui sont soumis à l’environnement en microgravité ? « Leurs muscles sont drastiquement moins sollicités, surtout leurs muscles posturaux, et cette forme d’inactivité entraine un déconditionnement général, en particulier de l’appareil locomoteur, qui se traduit au niveau musculaire principalement par une perte de force, une atrophie des cellules musculaires et une fatigabilité accrue », répond la chercheuse.

Pour mieux étudier ce phénomène, Angèle Chopard et ses collègues, Guillaume Py et Thomas Brioche, ont accès à des expérimentations de simulation de la microgravité au sol, à l’aide de deux protocoles développés par les agences spatiales, destinés à reproduire sur Terre les conditions de microgravité auxquelles sont confrontés les cosmonautes. Le premier consiste en un alitement prolongé, avec déclivité de 6 degrés tête en bas, « afin de mimer l’augmentation des retours des fluides vers la tête en microgravité », précise la spécialiste. Pour le second protocole appelé « immersion sèche », les volontaires sont plongés dans un bain d’eau dont ils sont totalement isolés par des bâches en plastique. « Ce modèle de flottaison provoque un déconditionnement plus rapide, de l’ordre de trois fois plus qu’en alitement simple. »

Pendant que leurs cobayes prennent leur mal en patience, les chercheurs les soumettent à des tests et prélèvements biologiques destinés à mesurer la réponse de leur organisme. « Nous concernant, l’objectif de ces études est de déterminer comment mieux prévenir le déconditionnement musculaire, non seulement pour les cosmonautes mais également pour les patients qui se voient imposer un alitement clinique prolongé, pour ceux qui subissent l’immobilisation d’une articulation ou encore pour les personnes en inactivité chronique », raconte Angèle Chopard.

En termes de prévention, la mesure la plus efficace reste toujours actuellement l’activité physique. « C’est la meilleure contremesure de ce déconditionnement musculaire, mais elle doit être adaptée aux conditions spatiales et combinée à des supplémentations nutritionnelles par exemple. »


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  1. DMEM (UM, Inrae)
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