“Le mal à dire dans les soins. Qu’expriment les tabous linguistiques face à la maladie ?”

On le sait, parler de la mort ne fait pas mourir. Et pourtant, ce n’est jamais une évidence. Elle reste du domaine de l’innommable, surtout face à la maladie grave. D’où l’usage de métaphores, de périphrases, d’euphémismes et d’autres subterfuges discursifs d’évitement.

Que disent les tabous de notre société de laquelle la mort est bannie ? Si le langage est le reflet de nos représentations, quels sont les enjeux d’un tel escamotage dans les soins ?

L’exemple du cancer s’impose. Le mot même sidère, anéantit, terrifie lors d’une annonce médicale. Jusque dans les avis de décès et hommages nécrologiques, il est souvent remplacé par l’expression consacrée de « longue maladie ».

Nommer les choses et les maux, est-ce leur donner un surcroît d’existence ou cela peut-il soulager la personne en fin de vie en libérant la parole ? Comment faire preuve de sincérité sans renoncer à la douceur ? Occulter la réalité ou en masquer la dureté revient-il à opter pour une certaine sérénité ?

Au risque de malentendus, l’ambiguïté est-elle de mise pour rester en relation dans le soin ? Dans la triangulation enfants malades – parents – soignants, le tabou de la mort est souvent exacerbé. L’évitement discursif risque-t-il d’exercer un poids et une pression supplémentaires sur l’enfant en fin de vie ?

Autant de questions que nous soulèverons avec les intervenants invités à cette rencontre.

Avec :

• Vanessa Fall-Caillol, aide-soignante en soins Palliatifs à l’Institut du Cancer de Montpellier ;
• Laurent Lemaître, psychologue en onco-pédiatrie au CHU de Montpellier ;
• Gail Taillefer, présidente de la commission des usagers à l’Oncopole Claudius Rigaud de Toulouse ;
• un médecin oncologue ;
• et le témoignage de deux patients.