Agnès Mignot : “Redonner du temps de recherche à la recherche”
Récemment nommée vice-présidente déléguée à la simplification de la recherche et au suivi des programmes nationaux, Agnès Mignot n’en est pas à son premier mandat à l’Université. Chercheuse à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier, elle travaille depuis de nombreuses années à l’amélioration des relations entre recherche et administration mais s’engage aussi en faveur du protocole de Nagoya et pour une meilleure reconnaissance des femmes dans la recherche.
Nom ?
Agnès Mignot.
Fonctions ?
Je suis professeure des universités à l’Université de Montpellier et je suis actuellement vice-présidente déléguée en charge des grands projets nationaux et en charge du processus de simplification administrative.
C’est nouveau ?
Il y a quelques mois, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a proposé aux universités de se lancer dans un processus de simplification pour redonner du temps de recherche à la recherche, c’est-à-dire aux enseignants-chercheurs, enseignantes-chercheuses, chercheurs et chercheuses, mais aussi aux personnels d’appui. Je suis en charge, entre autres, de piloter ces actions.
Autre mission du mandat ?
L’enseignement supérieur et la recherche sont organisés autour de très grands projets qui sont financés à l’échelle nationale. L’Université, par le biais de ses enseignants-chercheurs et chercheurs, est très largement impliquée dans ces programmes exploratoires de recherche que l’on appelle les PEPR et donc j’ai aussi à suivre ces différents projets.
Premier mandat à l’UM ?
Non, ce n’est pas tout à fait mon premier mandat à l’UM. J’étais déjà vice-présidente déléguée en charge des relations entre l’administration et la recherche. Le président Augé m’a demandé de m’investir sur cette question de facilitation des relations entre l’administration et le monde de la recherche… Avec tout ce que rencontrent les directeurs et directrices d’unités, les responsables administratifs et puis au quotidien, les chercheurs, les enseignants-chercheurs et les personnels d’appui à la recherche.
Protocole de Nagoya ?
Effectivement, je suis chargée de mission pour l’Université de Montpellier concernant le protocole de Nagoya et sa mise en œuvre d’un point de vue très administratif, législatif et recherche. Le protocole de Nagoya a été signé dans le cadre de la Convention sur la biodiversité qui vise à protéger cette biodiversité et qui tente de se positionner pour éviter la biopiraterie à l’échelle internationale. C’est quelque chose qui nécessite d’accompagner beaucoup les chercheurs, chercheuses, enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheuses.
Vous êtes vous-même chercheuse ?
Je suis enseignante-chercheuse et je tiens vraiment aux deux casquettes. Mon laboratoire aujourd’hui, c’est l’Institut des sciences de l’évolution. C’est une unité qui s’intéresse à tous les mécanismes de l’évolution, de l’adaptation et de la spéciation des espèces. Sur le temps long nous avons des paléontologues ; sur le temps court, des gens qui s’intéressent aux mécanismes d’adaptation sur des organismes très petits. Et puis des gens qui s’intéressent à des questions relatives à des animaux ou à des plantes et cela correspond plus à mon activité puisque je m’intéresse à cette évolution sur des plantes à fleurs.
Les femmes dans la science ?
On n’est quand même pas très nombreuses. Les indicateurs de sex-ratio, c’est-à-dire de proportion d’hommes et de femmes, dans différentes structures sont souvent globalisés et si dans l’ensemble on n’est pas trop loin du 50/50 quand on regarde dans les détails… On est loin du 50/50 dans les métiers à responsabilités ou quand on regarde par discipline. Ce qui fait que, sur les activités où la parité est nécessaire – les comités de sélection pour des recrutements, les conseils centraux des universités ou des établissements d’enseignement supérieur et de recherche quels qu’ils soient – finalement les femmes payent un lourd tribut puisqu’elles sont moins nombreuses et doivent assurer de fait, plus que ce que font leurs homologues hommes.
Votre formule magique ?
Ce qui a été extrêmement bénéfique, à la fois pour moi mais aussi dans les missions que j’ai eu à réaliser, c’est de travailler en équipe, c’est-à-dire de se faire confiance. Cela commence par apprendre à connaître le métier de l’autre, de tous ceux avec lesquels on va travailler, pour être en capacité effectivement de faire évoluer leurs activités, de trouver les pistes d’amélioration possibles. Et elles viennent souvent de ce que vivent les gens au quotidien. Donc, que ce soit en enseignement, en recherche, en administration, le travail d’équipe est vraiment, vraiment ce sur quoi j’insiste.