Des robots au bout des doigts
À Montpellier, chirurgiens et roboticiens développent ensemble des outils pour limiter le traumatisme opératoire : une « chirurgie mini-invasive » qui réunit des pôles de maxi-expertise.
C’est le rêve de tout chirurgien : opérer avec un impact physique minimum sur le patient. Un rêve qui prend aujourd’hui une forme concrète, celle de robots dotés de multiples bras. Baptisé « da Vinci », le plus célèbre d’entre eux en possède trois. « Cette interface entre le médecin et son patient permet des opérations de microchirurgie moins invasives » explique l’un des chirurgiens qui utilisent cette technique au CHRU, Renaud Garrel, chef des équipes médicales de cancérologie et de laryngologie et professeur à l’Université de Montpellier.
Diminuer l’impact des interventions
Des incisions minuscules, voire plus d’incision du tout : c’est ce que permet le robot, qui pour accéder aux organes internes sait emprunter les voies naturelles et les artères. « Absence de cicatrice, diminution des douleurs et des complications, réduction de la durée d’hospitalisation, les avantages sont nombreux » résume Renaud Garrel.
D’autant que l’assistance robotique propose aussi des fonctionnalités radicalement nouvelles. « Cette interface électronique peut intégrer diverses informations, images de scanner ou indications de navigation par exemple : une réalité virtuelle ou augmentée qui offre au chirurgien de précieux outils d’aide à la décision ».
Former les chirurgiens de demain
Pour améliorer ces systèmes d’assistance, Renaud Garrel travaille depuis plusieurs années avec Philippe Poignet, responsable du département de robotique au Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier (LIRMM) et professeur à l’UM. Une collaboration qui a récemment pris la forme d’un stage de 6 mois proposé à 3 internes en Master TIC et santé.
Ces jeunes chirurgiens sont accueillis au LIRMM pour des expérimentations menées sur le système Raven, un robot financé par le CNRS et la Région, qui offre l’avantage d’être entièrement modifiable contrairement au système da Vinci. Leur mission : « tester les limites du système pour imaginer améliorations et alternatives, explique Philippe Poignet. Ils nous apportent leur connaissance du geste chirurgical, à nous d’inventer la traduction robotique de ce geste… C’est-à-dire des outils à la pointe de l’innovation, dont la conception doit notamment intégrer des exigences de sûreté totale de fonctionnement ».
En évaluant les attentes des praticiens, les roboticiens du LIRMM pourront ainsi contribuer à dessiner les robots de demain. Mais aussi à former les futurs chirurgiens. Car cette collaboration va bientôt s’inscrire dans le cadre de la future faculté de médecine de Montpellier : le chantier, en cours de réalisation, prévoit d’héberger une équipe du LIRMM au sein de la future plateforme de formation en pédagogie médicale.