“Être au cœur de l’espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche”

Dans le cadre de la mise en valeur de son rayonnement international, l’Université de Montpellier participe à la 34ème édition du salon de l’European association for international education (EAIE), lequel se déroule à Toulouse du 17 au 20 septembre 2024. Un événement incontournable, considéré comme la grande rencontre annuelle en Europe des échanges internationaux pour l’enseignement supérieur. À cette occasion, François Pierrot, vice-président en charge des relations internationales, nous parle de la stratégie internationale de l’UM.

Quels sont les axes prioritaires de la stratégie à l’international de l’UM ?

En tant qu’établissement public expérimental porteur du label I-Site, l’Université de Montpellier joue un rôle de « pivot » pour les établissements partenaires. Pour les activités internationales comme pour d’autres activités universitaires, la stratégie est ainsi construite en concertation au sein du consortium.

Pendant la phase probatoire du projet Muse (2017-2022) nous avions choisi de construire une visibilité forte sur les zones Afrique / Amérique du Sud / Asie du Sud-Est afin d’asseoir notre réputation de portail scientifique pour les pays des Suds. Cette démarche était cohérente avec deux facteurs essentiels qui illustrent cette ouverture vers le Sud global : une attractivité marquée envers les étudiants originaires de ces zones et un taux de co-publication très important avec les scientifiques, conséquence des missions spécifiques dévolues à certains de nos partenaires comme le CIRAD ou l’IRD.

Les partenariats au sein de l’Europe sont également en augmentation ?

Depuis 2022, au vu des évolutions en cours tant en Afrique qu’à l’Est de l’Europe, les coopérations au sein de ce qu’on peut qualifier d’Ouest global semblent devoir prendre une importance stratégique renouvelée : l’Europe bien sûr, mais aussi l’Amérique du Nord, le Japon, l’Australie… Il ne s’agit pas du tout de négliger le Sud global, car Montpellier restera un des sites français les plus tournés vers le continent africain, mais d’y ajouter un autre pôle d’intérêt.

De quelle manière ces orientations se répercutent-elles sur les différentes missions de l’Université ?

L’international irrigue déjà différents aspects de la vie universitaire. La recherche est depuis très longtemps une activité où les collaborations internationales sont la norme, les co-publications avec des auteurs et autrices étrangers l’attestent. Les mobilités étudiantes sont très dynamiques : environ 15% d’étudiantes et d’étudiants étrangers à l’UM et plus de 1000 mobilités encadrées sortantes par an.

D’où viennent ces étudiantes et étudiants ?

Les échanges sont marqués par leur caractère dissymétrique, avec des flux entrants provenant majoritairement (2/3) du Sud global et des flux sortants dirigés essentiellement vers l’Ouest (90%). La formation doctorale bénéficie très fortement des apports de l’étranger, ce qui représente plus de 40% des doctorantes et doctorants. Notons aussi que des enseignements sont dispensés en anglais. Un exemple emblématique en est le modèle original des parcours de Master IDIL : en anglais, interdisciplinaires, qui accueillent un pourcentage très élevé d’étudiants étrangers.

Est-ce que la dimension internationale nous oblige à penser demain autrement ?

Nous devrons sans doute à l’avenir nous diriger vers une université pleinement internationalisée, c’est-à-dire un établissement où non seulement l’enseignement et la recherche sont déployés dans un contexte international, mais où toutes les directions qui soutiennent ces activités sont elles aussi imprégnées d’interculturalité, ouvertes aux langues étrangères, etc. Ainsi dans le cadre du Contrat d’objectifs de moyens et de performance (COMP) 2023-2025, des cycles de formations ont été ouverts pour aider les enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs qui souhaitent dispenser leurs enseignements en anglais, et les séjours de mobilité à l’étranger pour tous les personnels ont été très largement déployés.

Quelle place prend l’alliance d’universités européennes Charm-EU dans cette stratégie ?

Ce partenariat exceptionnel nous permet non seulement d’être au cœur de l’espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche, mais également de déployer un véritable « laboratoire de pratiques innovantes » où nous pouvons tester grandeur nature, avec des étudiantes et étudiants et avec des enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs enthousiastes, ce que pourrait être l’université internationalisée de demain.

Quels sont les autres partenariats majeurs de l’UM ?

L’Université de Montpellier, en accord avec ses partenaires du consortium I-Site, a défini une série de partenariats stratégiques en distinguant, dans un pays donné, le ou les acteurs et actrices avec lesquels existait déjà des échanges scientifiques avérés, des co-publications notamment et avec lequel il paraissait raisonnable d’envisager des échanges étudiants, parfois unidirectionnels, parfois bidirectionnels. Certains de ces partenariats universitaires sont connus de longue date (Sherbrooke au Canada, UCAD au Sénégal, Kasetsart en Thaïlande, Heidelberg en Allemagne…) et d’autres sont en train d’émerger (Arizona aux USA, São Paulo au Brésil…).

L’internationalisation des formations semble plus que jamais nécessaire dans un contexte de mondialisation avancée. Quels en sont les enjeux ?

L’accueil d’étudiantes et étudiants étrangers est primordial pour leur propre bénéfice bien sûr, mais aussi pour créer une atmosphère interculturelle riche et stimulante pour toutes les étudiantes et tous les étudiants d’où qu’ils viennent y compris de Montpellier. L’enseignement en langue étrangère, en anglais principalement, a également ce double objectif : faciliter l’accès de nos formations aux étudiantes et étudiants non-francophones et enrichir le champ des compétences des francophones. Il est essentiel de privilégier l’intégration de questionnement internationaux aux divers cursus de formation, l’utilisation de support de cours d’origines variées. Sans oublier des séjours à l’étranger que la direction des relations internationales et les bureaux de relations internationales de toutes les composantes développent très activement grâce aux moyens financiers amenés par la Région, l’Etat, l’Europe…

Quelques grands chiffres de l’international à l’UM

  • plus de 7000 étudiantes et étudiants étrangers pour un total plus de 51 000 étudiantes et étudiants ;
  • 40% des doctorantes et doctorants sont étrangers (en provenance de plus de 100 pays) ;
  • des co-publications avec plus de 160 pays ;
  • dans le top 200 du classement de Shanghai.