Gérald Chanques : “Faire que chacun se sente membre de cette université historique”

Après sa toute récente nomination au poste de vice-président délégué au patrimoine historique de l’Université de Montpellier, Gérald Chanques nous présente sa vision du patrimoine. Entre mission officielle et coups de cœur plus personnels, il réaffirme ici son attachement à cette université qui lui a appris la joie et le devoir d’étudier.

Nom ?
Je m’appelle Gérald Chanques.

Fonction ?
Je suis élu depuis très peu de temps vice-président de l’Université de Montpellier, délégué au patrimoine historique. Je suis médecin, diplômé de cette université, et je suis professeur des universités, praticien hospitalier en anesthésie-réanimation.

Missions ?
Il y a plusieurs travaux au même moment, en plusieurs endroits du campus de l’Université de Montpellier, que ce soit au Jardin des plantes, dans le bâtiment historique de médecine, etc. Les chantiers sur chacun de ces sites sont multiples. Ma mission principale est de les suivre avec tous les services centraux qui sont sur le terrain.

Il y a un second grand chantier, et ce n’est que du plaisir. Il consiste à faire le lien avec toutes les composantes. Faire que chacun, que chaque étudiante et étudiant de cette université, mais aussi chaque agent BIATS, chaque enseignant, enseignante, enseignant-chercheur et enseignante-chercheuse, se sente membre de cette université historique à travers ce patrimoine.

Premier mandat à l’UM ?
Non ce n’est pas mon premier mandat. Je suis élu depuis 2018 à la commission de la formation et de la vie universitaire, la CFVU, du conseil académique. J’ai été aussi élu aux sections disciplinaires du conseil académique de l’université. C’est très intéressant parce que cela permet de palper le pouls de toutes les composantes et des problématiques étudiantes, administratives et enseignantes qu’il peut y avoir. Donc on a une vision très transversale de l’université.

Un lieu ?
Le lieu qui m’a frappé ? C’est en première année de médecine, enfin juste après le baccalauréat. Un ami montpelliérain de naissance m’a conduit, pour nous inscrire, à la Faculté de médecine. Elle se trouvait rue de l’école de médecine. Nous étions place de la Canourgue, nous descendions et nous nous retrouvions au pied de la cathédrale. Et là il m’a dit : « Ça, c’est notre fac ! ». J’en ai encore un peu d’émotion, c’était saisissant. On se dit qu’il y a sincèrement quelque chose qui se passe ici, qui s’est passé. Et quand on s’inscrit, on comprend que cela continue. Donc c’est mon lieu préféré.

Pas d’avenir sans passé ?
Il y a des universités de naissance très récente, des universités très modernes qui ont tout à fait leur intérêt. Elles n’ont pas vraiment de passé, donc elles n’ont que l’avenir devant elles. Et je pense que c’est intéressant d’avoir ce profil d’université très ancrée dans le 21e siècle. Mais c’est particulièrement saisissant de revenir aux sources. Nous avons cette chance là à Montpellier. Nous avons la chance d’avoir une université qui figure parmi les quatre plus anciennes universités au sens moderne du terme. Ces quatre universités, c’est Oxford, Bologne, Paris et Montpellier.

Nous avons traversé cette renaissance médiévale, cette renaissance, le siècle des Lumières. L’esprit des Lumières qui a perduré après la révolution tout au long du 21e siècle. C’est tellement facile d’avoir ce patrimoine immobilier et lapidaire sous forme d’objets qui a été laissé par les anciens. Ce patrimoine sert à expliquer l’esprit. L’esprit de l’école médicale, l’esprit de l’université et l’esprit finalement qui nous unit tous, universitaires. C’est une chance fabuleuse qu’il faut continuer à entretenir, à construire. Et nous la construirons forcément différemment des universités de naissance récente qui n’ont pas d’histoire.

Un personnage historique de l’UM à réanimer ?
C’est probablement Rabelais. La plupart des internes, quand ils vont revêtir la robe de Rabelais pour soutenir leur thèse de médecine à la fin de leurs études, ne savent pas exactement qui c’est. Pourtant Rabelais n’incarne pas que la médecine, il incarne tout le savoir, toute la connaissance et la philosophie qui est développée dans son œuvre. C’est une joie d’étudier et un devoir aussi d’étudier suffisamment de connaissances et de la manière la plus large possible pour pouvoir ensuite être suffisamment instruit et pouvoir décider en toute liberté. Et c’est un message magnifique pour l’Université.