Immune4cure : une nouvelle référence pour soigner les maladies auto-immunes
Lancé le 17 septembre par l’Inserm, le CHU et l’Université de Montpellier, l’Institut hospitalo-universitaire Immun4cure ambitionne de devenir le 1er pôle européen de recherche et de développement de l’immunothérapie appliquée aux maladies auto-immunes. Il réunit 15 équipes de recherche sous la direction de Christian Jorgensen et rassemble désormais en un même lieu excellence de la recherche, du soin et de l’innovation.
5 millions de personnes vivent avec une maladie auto-immune en France et environ 5 à 8 % de la population mondiale. Les femmes, huit fois plus que les hommes. Plus de 80 maladies auto-immunes sont recensées à ce jour. Certaines d’entre elles sont très connues du grand public, comme le diabète de type 1, la maladie de Crohn ou la sclérose en plaque. D’autres restent plus confidentielles comme l’arthrite juvénile idiopathique ou le lupus systémique. Toutes ont en commun d’être des affections chroniques dans lesquelles le système immunitaire se dérègle et se retourne contre les cellules saines de l’organisme, provoquant des lésions tissulaires et une inflammation persistante source de douleurs chroniques.
Une stratégie globale de santé
Ces maladies et les douleurs qui leurs sont associées, Christian Jorgensen les connait bien, lui qui dirige depuis dix ans l’Institut de médecine régénérative et de biothérapie (IRMB) et le service d’immunologie clinique et thérapeutique ostéoarticulaire au CHU de Montpellier. Si l’IRMB est, depuis sa création en 2014, entièrement dédié à la compréhension des mécanismes de régénération tissulaire et cellulaire et des processus d’inflammations en jeu dans les maladies auto-immune, le chercheur et ses collaborateurs ont souhaité aller plus loin en créant un pôle d’innovation rassemblant recherche fondamentale, recherche clinique, accueil et soins des patients.
C’est sous la forme d’un IHU, institut hospitalo-universitaire, baptisé Immun4cure que ce projet a vu le jour en 2024 grâce à la collaboration des trois partenaires fondateurs que sont le CHU, l’Inserm et l’Université de Montpellier. « Après la labellisation du projet ExposUM et, plus récemment, le succès de l’école de santé numérique ESNbyUM, la création de cet institut hospitalo-universitaire s’inscrit dans une stratégie globale qui place l’Université comme un acteur clé de la santé, à l’avant-garde de la recherche et de l’innovation » explique Philippe Augé, président de l’UM.
De nouveaux outils thérapeutiques
L’ambition de cette nouvelle structure est multiple : « Nous voulons d’abord rompre avec les programmes thérapeutiques conventionnels en proposant de nouveaux outils thérapeutiques cellulaires et biologiques visant à restaurer l’équilibre immunitaire dans les maladies auto-immunes » poursuit Christian Jorgensen qui en assure logiquement la direction. Immun4Cure souhaite approfondir la compréhension en particulier de 3 maladies clés induites par l’emballement du système immunitaire : la polyarthrite rhumatoïde, la sclérodermie et le lupus.
Pour cela l’IHU Immun4cure pourra compter sur quinze équipes mixtes de recherche, soit plus de 300 chercheurs et chercheuses travaillant dans 8000 m2 de laboratoire répartis sur deux sites : Saint Eloi et le campus Triolet. « Le programme scientifique de l’IHU vise à explorer de nouvelles perspectives dans le domaine des biothérapies. Les récentes avancées dans l’utilisation en oncologie des cellules T ont mis en évidence le potentiel des thérapies cellulaires et bouleversé le marché des médicaments. »
Pour Didier Samuel, président-directeur général de l’Inserm « les travaux sur les maladies auto-immunes font partie des champs de recherche importants pour l’Inserm, tout comme les immunothérapies innovantes. Le site de Montpellier présente des atouts significatifs pour conduire ces travaux, faire progresser la science et obtenir des résultats au service de la santé de tous. »
Un parcours de soins personnalisé
La deuxième ambition avancée par Christian Jorgensen est le développement d’un parcours de soins personnalisé pour les patients atteints de maladies auto-immunes. « Ce parcours multidisciplinaire est basé sur une cartographie fine des réponses immunitaires, permettant un suivi sur mesure. » L’idée ici est de pouvoir passer de la chambre du patient au laboratoire et inversement grâce au site clinique adossé au centre de recherche sur le campus Saint Eloi.
Immun4cure proposera des analyses médicales de pointe permettant de mieux diagnostiquer et traiter les maladies, une accélération du développement de biomédicaments ciblés et un accès à des immunothérapies et biothérapies de précision, développées spécifiquement pour offrir des solutions innovantes et adaptées à chaque cas. « Les patients qui le souhaitent pourront être inclus dans une cohorte et participer à des essais cliniques dès 2025, souligne Anne Ferrer directrice du CHU de Montpellier. Cet ambitieux projet vise à transformer complètement la prise en charge des patients atteints de maladies auto-immunes, en améliorant le diagnostic, les traitements et les parcours de soins. »
Au cœur de l’écosystème de santé
L’IHU se veut aussi un moteur de développement économique en favorisant l’implantation à Montpellier d’entreprises de biotechnologie spécialisées dans les biothérapies pour contribuer à l’essor des thérapies cellulaires. Si l’IRMB était déjà moteur d’innovation grâce à l’accueil de dix start-up, Immun4Cure concrétise cette dynamique en renforçant les collaborations avec des start-up mais aussi de grands groupes nationaux et internationaux : Arthritis4Cure, Cantarelle, Flash Biosolutions, One Bioscience, Sanofi, ScientaLab, Servier, SuperBranche.
Des biotechs émergentes (Stem Genomics, Spima therapeutics, Inist, Cell easy flash) sont également impliquées dans le domaine de la thérapie cellulaire ou des thérapies innovantes. Une démarche qui prend tout son sens dans l’environnement global montpelliérain créé par Medvallée, cette stratégie commune visant à décloisonner enseignement supérieur, recherche et monde économique pour faire de Montpellier un pôle d’excellence international en santé globale.
Former les professionnels de demain
Enfin l’IHU Immune4cure place la formation de haut niveau au cœur de ses priorités et souhaite participer à la construction de parcours adaptés aux métiers en lien avec les maladies auto-immunes et les thérapies cellulaires. Un groupe de travail coordonné par Marie Morille, enseignante-chercheuse œuvre à la mise en place de plusieurs actions telles que le financement de bourses de master 2, le recrutement de deux doctorants par an pendant quatre ans sur cette thématique ou encore la création du diplôme d’université ImmunoCell dirigé par Yves-Marie Pers (IRMB) et Jean-Marc Brondello (IRMB). Pour marquer cette dynamique, le premier colloque international Immun4cure, en collaboration avec la Journée Jacques Courtin, se tiendra les 28 et 29 novembre 2024 au Corum.
Un financement public et privé
Immun4Cure a bénéficié pour sa création d’une dotation de l’Etat de 20 M€ sur 10 ans dans le cadre du plan France 2030, qui vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir. L’IHU bénéficie également du soutien de ses trois membres fondateurs (CHU de Montpellier, Inserm, Université de Montpellier), de ses partenaires associés (CNRS, Satt AxLR, Fondation Arthritis, Arthritis4Cure), ainsi que des collectivités locales (Région Occitanie/Pyrénées Méditerranée, Montpellier Méditerranée Métropole, Medvallée). Au total, son budget s’élève à 73 M€.