[LUM#16] Le CHARM de l’eau
L’eau est une des trois thématiques proposées aux étudiants du master européen CHARM-EU. La chaire Unesco « Eau, femmes et pouvoir de décision » basée à Abidjan est partenaire de cette prochaine promotion qui devra se jeter à l’eau pour relever un défi de société bien concret.
Abidjan, Côte d’Ivoire. Vous vivez dans un quartier pauvre situé à quelques mètres du lit de la rivière. Dans quelques jours, la saison des pluies viendra et avec elle les orages convectifs tels qu’on en connait parfois sur l’arc méditerranéen. Sauf qu’ici la pluie et les ruissellements durent plusieurs semaines et que les habitants ne sont ni préparés, ni équipés pour y faire face. Comment vous y prendriez-vous pour mettre votre famille et vos voisins à l’abri ? Information complémentaire : vous êtes une femme.
Voici un des challenges qui pourrait être proposé aux étudiants de la prochaine promotion du master européen Charm-EU. Ici pas de cours magistraux « mais de vrais défis de société à relever en lien avec les problématiques de développement durable, que ce soit au Nord ou comme ici au Sud » explique l’hydrologue et enseignante Valérie Borrell*. Et pour cela, la chercheuse déjà associée au centre Icireward a eu l’idée de faire appel à Euphrasie Kouassi-Yao, titulaire de la chaire UNESCO « Eau, femmes et pouvoir de décision » située à Abidjan ainsi qu’à son administrateur général Alexis Tchiakpe.
Favoriser « l’empowerment » des femmes
Cette chaire, crée en 2006, promeut un système intégrant la recherche, la formation et la sensibilisation dans le but d’associer les femmes, premières utilisatrices de l’eau, à la gestion de la ressource en Afrique. « Cela passe par la formation des femmes à la gestion de l’installation d’eau dans un village par exemple. Cela leur donne une place reconnue dans la société et participe d’une forme d’empowerment » explique Valérie Borrell.
La chaire propose également un master dédié aux professionnels de l’eau en Afrique qui souhaitent se former aux questions de genre pour mieux identifier les leviers à actionner. « Sur certains créneaux, les étudiants de Charm-EU rejoindront, en visioconférence, ces étudiants africains pour travailler sur des problèmes concrets » déclare Valérie Borrell. Les étudiants du diplôme d’université Expertise numérique pour la protection des populations et des milieux dans les métropoles du Sud pourraient aussi être associés à ce défi afin d’apporter leurs compétences techniques d’ingénierie.
Apprendre à écouter les acteurs
Comment ces étudiants africains, européens et internationaux seront-ils invités à construire des solutions ? « Par la collaboration et le partage d’expérience. Il ne s’agit pas d’imposer son point de vue, mais de s’écouter pour innover ensemble » déclare la chercheuse. Pour associer les populations, les étudiants devront également se doter d’outils : brainstorming, jeux sérieux… La pédagogie innovante promue par Charm-EU ouvre ici les portes à de multiples possibilités dans la logique du living lab.
« Si on retient le cas des inondations, nous pouvons concevoir un jeu sérieux mais accessible qui permettra aux jeunes femmes de s’exprimer sur ces questions, poursuit l’enseignante. Comment vivent-elles les inondations ? Quelles sont leurs observations ? Comment sensibiliseraient-elles leur famille aux gestes qui protègent ? Notre objectif est de faire en sorte que les femmes se projettent dans un rôle qu’elles ont envie de tenir, utile pour la société et que nos étudiants eux, apprennent à coconstruire des solutions innovantes et équitables. »
*HSM (UM – CNRS – IRD)
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