L’innovation se cultive avec Mobilab
Dans les mois à venir, les agriculteurs et agricultrices d’Occitanie pourraient bien voir débarquer dans leurs champs un drôle d’objet roulant. Le mobilab développé par Le mas numérique de l’Institut Agro et Occitanum, est un fab-lab itinérant proposant aux professionnels de l’agriculture et de la viticulture de se familiariser avec les outils numériques et autres objets connectés, voire de fabriquer eux-mêmes leurs dispositifs innovants. Le Mobilab tour 2024 c’est dans quelques semaines avec Simon Moinard, responsable du projet.
« L’approche low tech ou ce qu’on appelle aussi le do it yourself, le faire soi-même est quelque chose de très ancré dans la culture agricole. Les cultivateurs et les éleveurs ont l’habitude de se fabriquer eux-mêmes des outils adaptés aux besoins de leur exploitation » constate Simon Moinard responsable du mobilab AgroTIC à L’Institut Agro Montpellier (partenaire du PUI). Pour accompagner les agriculteurs dans cette volonté d’optimiser leurs pratiques, Simon Moinard sillonne les campagnes de l’Hérault au volant du mobilab.
Explorer de nouvelles voies
Cet atelier mobile, construit dans un fourgon, a pour but d’apporter l’innovation aux agriculteurs et agricultrices en direct sur leur lieu de travail. « On pense souvent que le monde de l’agriculture et celui du numérique ne peuvent pas se comprendre mais c’est faux ! Les agriculteurs adorent bricoler et si on leur montre comment fonctionne le numérique avec une approche « Low-Tech », ils sont tout à fait ouverts à la nouveauté en spécifiant des solutions qui pourraient répondent concrètement à leurs besoins… Surtout si la solution est simple, rapide et peu onéreuse ! Certains d’entre eux deviennent d’ailleurs de vrais geeks » poursuit le responsable. Et de fait depuis 2019, plus de 1300 personnes ont été touchées. Il n’en fallait pas plus pour motiver l’équipe à développer une deuxième version du projet grâce à un fourgon entièrement équipé : imprimante 3D, drone, capteurs en tous genre, outillage… De quoi faire de la co-constuction au plus près du plancher des vaches.
Se déplacer ainsi à la rencontre des agriculteurs permet à l’équipe de l’Institut Agro d’explorer de nouvelles voies en identifiant leurs besoins et les solutions possibles. Sur le podium de ses petits succès Simon Moinard cite « Coup de pouce, un doigt imprimé en 3D qui permet d’actionner une pompe d’irrigation via un simple SMS. Grâce à ce petit dispositif qui n’a couté que 20 euros, on évite de parcourir chaque jour de nombreux kilomètres pour allumer ou éteindre sa pompe. » Autre exemple : AgroCam un instrument de suivi des cultures tout au long de la saison, grâce à la réalisation d’un timelaps : « chaque jour, à midi, une photo de la parcelle est prise automatiquement et permet donc de voir l’évolution des plantes au jour le jour. Il y a pléthore d’usages pour les agriculteurs. » Pour partager ces idées au plus grand nombre, chacune de ses innovations fait ensuite l’objet d’un tutoriel vidéo à la portée de tous et toutes et mis en ligne sur le site du Mobilab.
Entre la tech et la terre
Le mobilab est également un dispositif de formation dans l’objectif de vulgariser les nouvelles technologies auprès de ce public. « Nous rencontrons parfois des exploitants qui ont acheté des capteurs mais qui, sans accompagnement, s’en servent mal. Nous prenons le temps de leur expliquer comment ces outils fonctionnent afin qu’ils puissent les utiliser au mieux. » Et les gains peuvent parfois être très significatifs pour ces travailleurs et travailleuses de la terre : gain de temps comme nous l’avons vu avec « Coup de pouce », économie d’eau avec les capteurs d’humidité des sols, gain écologique grâce au suivi des cultures, jour par jour, qui permettent notamment de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. « On voit arriver sur le marché de nouveaux capteurs géniaux qui permettent de mesurer l’indicateur photosynthétique des plantes par exemple, » ajoute l’ingénieur.
Pour construire des ponts durables entre la tech et la terre, le mobilab AgroTIC prépare l’extension de son projet vers les lycées agricoles pour former dès le départ ces futurs agriculteurs et futures agricultrices aux outils numériques. Le mobilab est d’ailleurs un projet largement soutenu par la région Occitanie via Occitanum, un dispositif coordonné par l’Inrae et réunissant plus de 46 partenaires, acteurs de la transition agroécologique. Second financeur : le Mas numérique, un site de démonstration de technologies innovantes à destination cette fois des viticulteurs. Implanté au domaine du Chapitre de l’Institut Agro à Villeneuve-les-Maguelones, cet autre living lab se propose lui aussi d’apporter la technologie aux champs grâce au soutien de quatorze entreprises mécènes : station météo connectée, modèle de prédiction des maladies, ajustement des pulvérisations, traçabilité réglementaires des pesticides… Après un petit tour en Bourgogne et en Champagne en février, Simon Moinard s’embarquera pour un Mobilab Tour 2024 avec pour objectif d’effectuer une visite par jour pendant une semaine du mois de mai. L’innovation au service de l’agro-écologique est en route.
Le pôle universitaire d’innovation de Montpellier (PUI)
L’Institut Agro est un des quatorze membres fondateurs du pôle universitaire d’Innovation de Montpellier (PUI) dont l’Université de Montpellier est le chef de file. Les objectifs du PUI sont : d’encourager la recherche partenariale entre les laboratoires et les entreprises, de développer le transfert de technologie et stimuler la création d’entreprise. Il compte aujourd’hui 38 structures engagées réunissant acteurs de l’enseignement supérieur, de la recherche, du monde socio-économique et de l’écosystème de l’innovation montpelliérain.