L’UM en Antarctique avec Greenpeace
Greenpeace, la plus puissante des associations écologistes, a fait appel à MARBEC, le laboratoire de biologie marine de l’UM, pour participer à une mission en Antarctique du 5 janvier au 13 février à bord de l’Arctic Sunrise. Une première pour l’université qui, grâce au savoir-faire et à l’expertise de ses scientifiques, va sans doute contribuer à la sauvegarde d’un des derniers refuges marins de notre planète.
« C’est une occasion unique d’observer la biodiversité de l’Antarctique et d’agir pour la mise en place d’une véritable politique de préservation des pôles » s’enthousiasme David Mouillot, professeur au laboratoire de biologie marine (MARBEC) de l’Université de Montpellier et référent pour la mission.
Du 5 janvier au 13 février c’est donc Nacim Guellati, étudiant de l’UM et stagiaire à MARBEC, qui rejoindra Greenpeace pour la dernière étape de sa grande expédition de pôle à pôle. « C’est un évènement à l’impact scientifique et médiatique énorme qui va contribuer au rayonnement de notre université » ajoute l’enseignant.
ADN environnemental
Une opportunité unique que MARBEC doit à sa collaboration avec la société SpyGen (lire l’encadré) récemment labellisée Companies on Campus par l’iSite MUSE. La technique de l’ADN environnemental permet de récolter des fragments d’ADN laissés par les organismes présents dans l’eau et ainsi de révéler la présence d’espèces jusque-là invisibles aux chercheurs. Méditerranée, Pacifique, Atlantique… les chercheurs de MARBEC ont ainsi filtré l’eau de toutes les mers du globe depuis 2 ans. Ne manquait plus que l’Antarctique.
« Notre hypothèse est qu’avec le réchauffement climatique et la pression de la pêche industrielle, de nouvelles espèces viennent trouver refuge en Antarctique notamment en période estivale », explique David Mouillot. Un nouveau comportement migrateur que l’on observerait chez les mammifères, les requins et plusieurs espèces de poissons.
Nouvelle zone refuge
Loin d’être une bonne nouvelle, une telle évolution, si elle venait à se vérifier, serait non seulement un signal d’alerte supplémentaire de la mauvaise santé de nos océans mais également l’annonce d’une nouvelle menace. « Si l’Antarctique se révèle être, comme nous le pensons, un refuge climatique pour la biodiversité marine, il est évident qu’il va devenir la cible de futures extractions. Il est plus qu’urgent de mettre en place des mesures de protection » prévient le biologiste.
Aujourd’hui seuls 2% de l’Antarctique sont protégés laissant la quasi-totalité de ce continent à la merci des industriels de la pêche et de l’énergie ou d’un nouveau tourisme de masse qui, avec la fonte des glaces et l’ouverture de nouvelles routes maritimes, pourrait commencer à se développer. Un contexte qui rend d’autant plus urgentes la collecte et l’analyse de données par la communauté scientifique.
Une mise sous protection urgente
Une lourde responsabilité confiée à Nacim Guellati, étudiant en licence à l’UM, qui embarquera à bord de l’Arctic Sunrise – et non à bord de l’Esperanza, un autre navire de Greenpeace, comme prévu initialement – pour effectuer ces premiers prélèvements ADN en Antarctique. Une mission dont la portée politique n’a pas échappé au jeune homme : « Les états membres de l’ONU négocient actuellement un traité sur la protection des océans. Nos résultats doivent impérativement servir à la création de réserves marines en Antarctique pour sanctuariser ce patrimoine. »
Pendant ces sept semaines en Antarctique, Nacim procédera à des filtrages d’eau quatre ou cinq heures par jour à bord d’un zodiac. Les filtres seront ensuite stockés puis analysés par les chercheurs de MARBEC et de SpyGen. « C’est une mission très éprouvante qui nécessite de grandes capacités physiques et mentales, explique son encadrant. Nacim travaille avec nous depuis deux ans, il a largement démontré son sérieux et sa capacité d’adaptation, nous lui faisons totalement confiance et nous serons toujours en contact au cours de la mission pour prendre ensemble les décisions les plus critiques. »
Faire confiance aux étudiants
À seulement 22 ans, Nacim sera donc le premier étudiant de l’UM à participer à une mission organisée par Greenpeace. Un joli tremplin pour sa future carrière dont se réjouit David Mouillot : « il est primordial de former les jeunes générations et de montrer que l’Université de Montpellier leur fait confiance dans un contexte où les étudiants manquent parfois de perspectives et d’ambition, c’est un véritable signal donné à la jeunesse ».
Pendant toute la durée de l’expédition le jeune biologiste fera partager son expérience au grand public en envoyant quotidiennement des messages et vidéos que l’université relaiera via les réseaux sociaux. Une mission qui, espérons-le, ne sera pas qu’une goutte d’eau dans l’océan !
SpyGen ou la réussite de Companies on Campus
C’est par l’intermédiaire de la société SpyGen, que l’Université de Montpellier et MARBEC ont été associés à l’expédition organisée par Greenpeace. Pionnière dans le domaine des analyses ADN environnemental, SpyGen s’est installée sur le campus dans le cadre de l’appel à projets « Companies on Campus » lancé par MUSE. Une initiative dont la vocation est de privilégier le développement de partenariats entre les unités de recherche du périmètre MUSE et les entreprises en facilitant l’implantation de leurs personnels directement dans les unités de recherche. « La collaboration avec SpyGen a permis à MARBEC de bénéficier de la technique de l’ADN environnemental avec laquelle nous travaillons maintenant depuis plusieurs années » explique David Mouillot. Contactée par Greenpeace, l’entreprise s’est ensuite adressée à MARBEC pour lui soumettre cette proposition. Une belle illustration du rayonnement et des opportunités que de tels partenariats avec le monde de l’entreprise apportent à l’université.
© Paul Hilton