[LUM#10] Une révolution dans la contraception

Neuf étudiants montpelliérains planchent sur un mode de contraception révolutionnaire : une bactérie vaginale génétiquement modifiée. Baptisée « Vagineering », l’innovation a été récompensée au prestigieux concours « International Genetically Engineered Machine competition » (IGEM).

« Malgré les progrès immenses réalisés depuis l’invention de la contraception, il n’existe aujourd’hui aucune méthode que l’on pourrait considérer comme parfaite », explique Léo Carrillo, étudiant en biologie. Mettre au point une contraception innovante, c’est le projet du jeune homme et de ses huit acolytes qui ont participé au concours IGEM à Boston avec un concept inédit : la contraception bactérienne.

« Nous nous sommes demandés si la biologie synthétique pourrait aider à améliorer l’offre en matière de contraception », explique Léo Carrillo. C’est là qu’est née l’idée qui vaut de l’or : modifier génétiquement une bactérie du microbiote vaginal afin de lui faire jouer un rôle contraceptif.

Bactérie contraceptive

Première étape : identifier la bactérie qui sera la meilleure candidate. « La flore vaginale n’est pas universelle, elle varie selon les femmes, nous avons donc cherché la bactérie la plus répandue dans toutes les populations », précise l’étudiant. C’est finalement Lactobacillus jensenii qui sort victorieuse de ce casting.

Pour faire de cette bactérie un moyen de contraception, les étudiants imaginent de modifier génétiquement Lactobacillus jensenii afin qu’elle produise des molécules qui empêchent les spermatozoïdes de se déplacer, rendant ainsi toute fécondation impossible. « Pour cela, il faudrait introduire dans la bactérie un gène qui code une molécule spermicide », explique l’étudiant.

Une innovation qui serait une révolution pour des milliers de femmes non satisfaites par l’offre contraceptive actuelle : « pas d’effets secondaires, pas besoin de penser à prendre une pilule tous les jours, une seule inoculation dans le microbiote vaginal assurerait une contraception efficace dans la durée », précise Léo Carrillo.

Médaille d’or

Et en cas de désir de grossesse ? « Il faut que cette contraception bactérienne soit réversible, nous avons donc prévu un système de “switch” qui permettrait de mettre un terme à l’action de ces bactéries. » Un projet qui a séduit le jury du concours international du MIT où les étudiants montpelliérains ont remporté la médaille d’or et le grand prix du jury. « Le projet est totalement innovant, rien de tel n’a jamais été mis en œuvre », souligne Léo Carrillo, qui est désormais en master de biologie cellulaire et moléculaire à la Sorbonne. La modification génétique des bactéries vaginales pourrait même avoir d’autres vertus. « On peut tout à fait imaginer de mettre en œuvre d’autres modifications permettant de traiter les infections vaginales, l’ingénierie des microbiomes n’en est qu’à ses débuts ! »

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