[LUM#11] Au cœur d’une œuvre d’art
Humidité, variation de températures, temps qui passe… dans les musées les tableaux sur supports en bois sont mis à rude épreuve. Pour mieux comprendre les mouvements du bois et ainsi mieux préserver ces œuvres, Delphine Jullien, chercheuse au laboratoire de mécanique et génie civile (LMGC) a conçu une vitrine très spéciale installée au musée Fabre.
Témoignages d’un passé parfois lointain, les œuvres d’art traversent les siècles et ne sont pas épargnées par le temps. Les peintures sur bois subissent par exemple les déformations naturelles de ce matériau qui peuvent parfois altérer les œuvres. Pour mieux préserver ce patrimoine, les conservateurs font appel… aux chercheurs. Et notamment à l’équipe bois du Laboratoire de mécanique et génie civil de Montpellier (LMGC) forte d’une solide expertise en la matière, s’étant déjà penchée sur la fameuse Joconde, en collaboration avec l’institut PPRIME de Poitiers, et le GESAAF de l’Université de Florence (Italie).
Cette fois ces chercheurs auscultent La Sainte Trinité couronnant la vierge, œuvre exposée au Musée Fabre de Montpellier. « C’est un tableau du 15e siècle peint sur un ensemble de quatre planches de chêne, équipé d’un cadre et d’un parquetage au dos, explique Delphine Jullien. Les mouvements du bois dus aux variations d’humidité de l’environnement sont ainsi empêchés, ce qui a entrainé l’apparition de fissures altérant la couche picturale. »
Pour mieux comprendre le comportement du bois, la chercheuse et son équipe ont installé un véritable laboratoire au cœur du musée, face au public. « Le tableau est placé dans une vitrine climatique étanche où il est soumis à des variations hygrométriques, de 53 à 63% d’humidité relative ».
Une balance de haute précision permet de mesurer la variation de poids du panneau et d’en déduire la masse d’eau absorbée par le bois. Un système de caméras reconstituant l’œuvre en trois dimensions et de capteurs dits « déformométriques » permet de mesurer en continu les mouvements du bois et les déformations du panneau.
« Ces données nous permettront de quantifier et mieux comprendre les mouvements d’une peinture sur bois, et ainsi de proposer, avec les restaurateurs, des solutions pour mieux les conserver », souligne Delphine Jullien.
Écouter :
- le podcast A l’UM la science sur la vitrine climatique du Musée Fabre
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