[LUM#12] Tout un programme
Spécialiste des interactions physiques homme-robot, Anastasia Bolotnikova programme Pepper pour accompagner les personnes âgées ou fragiles dans leurs gestes quotidiens. Une petite révolution portée par cette doctorante du laboratoire d’informatique de robotique et de microélectronique de Montpellier dont les travaux sont déjà remarqués.
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Hal-9000, Astro et C-3PO peuvent aller s’habiller. Voici Pepper ! Plus Wall-E que Terminator, la mission de ce petit robot humanoïde est d’assister les personnes âgées ou fragiles dans leurs mouvements quotidiens. Aux manettes de ce bijou technologique, Anastasia Bolotnikova, doctorante au Laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier (Lirmm).
Une expérience extraordinaire
À seulement 26 ans, cette geek de l’informatique et des mathématiques manie les algorithmes comme d’autres les clés à molette. Une marionnettiste 3.0 face à laquelle Pepper n’a pas résisté longtemps. « Je le programme, il bouge et fait ce que je lui demande, c’est quand même une expérience extraordinaire. »
Le temps de l’Odyssée de l’espace et des : « I’m sorry Dave, I’m afraid I can’t do that » semble bel et bien révolu pour les robots et c’est calibré au millimètre que Pepper ira remplir sa délicate fonction : « Aider les personnes en compensant leurs faiblesses, en les soutenant quand ils font un geste ou qu’ils bougent » explique Anastasia qui, en spécialiste de l’interaction physique homme-robot, opère à la frontière de ces deux univers. « Programmer un robot, c’est complexe mais comprendre comment les gens veulent bouger, c’est bien plus compliqué encore. »
De Airbus à SoftBank
C’est en Estonie en 2014 que la jeune Anastasia découvre la robotique. Son université dispose alors d’un petit robot NAO rendu célèbre dès 2005 par la start-up française Aldebaran avant qu’elle ne soit rachetée par la japonaise SoftBank Robotics. « C’était ma première rencontre avec un robot, peut-être que tout part de là. » Deux ans plus tard, étudiante en master d’informatique, elle décide de venir en France et réalise son stage au Lirmm où elle travaille « en collaboration avec Airbus sur le contrôle multitâche des robots humanoïdes ».
Un travail déjà salué par le « best student paper award » décerné en Chine en 2017. Dans la foulée, elle est recrutée par SoftBank pour programmer Pepper dans le cadre d’une thèse. Un pied dans l’entreprise, l’autre toujours au Lirmm. Une situation qui satisfait pleinement la doctorante : « C’est différent de la recherche pure, en entreprise il y a un scénario pour inscrire la recherche dans un business plan. Avec cette expérience, je serai en mesure de choisir entre le public ou le privé. »
Dans le monde réel
Un avenir à l’image de son travail…programmé ! Lauréate en 2019 du prestigieux prix Jeunes talents-France décerné par la fondation L’Oréal-Unesco, la chercheuse n’a pas hésité quant à l’utilisation des 15 000 € attribués. « C’est une opportunité unique de développer mon parcours professionnel en allant rencontrer les meilleurs scientifiques mondiaux dans mon domaine. » Au programme, le Japon bien sûr, mais avant tout « l’Italie ou l’Allemagne qui excellent en robotique ».
En attendant, son idylle avec Pepper continue et avant de voir s’envoler sa maîtresse, celui-ci dispose d’un an pour se perfectionner en situation réelle auprès de résidents d’EHPAD volontaires. Un aboutissement pour Anastasia Bolotnikova qui y voit l’occasion de « montrer que [s]es recherches fonctionnent et sont utiles dans le monde réel. »
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