[LUM#18] Mission Arctique
Déterminer si les aires de répartition des poissons marins se modifient avec le changement climatique, c’est la raison pour laquelle Loïc Sanchez a sillonné la mer de Baffin en voilier, prélevant des échantillons d’ADN environnemental au fil de son périple.
2000 kilomètres dans la mer de Baffin pour relier la communauté inuite de Grise Fiord à Saint Pierre et Miquelon. C’est le voyage hors du commun entrepris par Loïc Sanchez à bord de Vagabond, un voilier de 15 mètres commandé par l’explorateur chevronné Eric Brossier.
Une expérience unique pour le jeune doctorant du laboratoire Marbec1. Sa mission ? Prédire le changement des aires de répartition des espèces de poissons marins. « Nous voulons savoir si, avec le changement climatique, des espèces que l’on trouvait auparavant ailleurs se trouvent désormais dans cette zone », précise Loïc Sanchez. Si les scientifiques disposent déjà de nombreuses données, le jeune chercheur pointe en effet des « trous dans la raquette ».
« Il existe des zones très sous-échantillonnées et les pôles en font partie, ce sont pourtant des données cruciales car les effets du changement climatique y sont particulièrement intenses. » Et les données dont les scientifiques disposent jusqu’à présent sont majoritairement issues d’observations directes en plongée. Une méthode
qui a ses limites : « on peut par exemple passer à côté des espèces très craintives qui vont se cacher des plongeurs ou encore des espèces trop petites qui sont difficiles à observer », explique Loïc Sanchez.
Pour débusquer ces timides, et combler les trous dans la raquette, Loïc Sanchez utilise
la technique de l’ADN environnemental qui consiste à filtrer des échantillons d’eau afin de récupérer l’ADN qui y a été laissé par les organismes vivants. Cet ADN est ensuite comparé avec les données issues d’une base de référence afin de savoir à quelles espèces il se rapporte. « Nous pourrons ainsi évaluer l’apport de l’ADN environnemental pour la détection d’espèces supplémentaires », explique Loïc Sanchez.
Le doctorant a ainsi réalisé une trentaine de prélèvements tout au long de son parcours, « des données qui valent de l’or car jusqu’à présent il n’y avait jamais eu de prélèvement là-bas ». De retour à terre, ils sont envoyés pour analyse à la start-up Spygen afin de révéler quelles espèces peuplent les eaux de cette mer bordant l’océan Arctique. « Ces informations permettront de prédire les changements d’aires de
répartition des poissons selon plusieurs scénarios de changement climatique ».
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- Marbec (UM, IRD, CNRS, Ifremer) ↩︎