[LUM#4] Bouger plus, vieillir moins
L’activité physique, clef de l’éternelle jouvence ? C’est en tout cas la voie la plus sûre vers une vieillesse en bonne santé. Une excellente nouvelle dans un monde où l’espérance de vie ne cesse d’augmenter…
Longtemps, le troisième âge a été le dernier. « Dans les années 1970 encore, à plus de 65 ans on était considéré comme un vieillard », explique Jean-Marie Robine. « On pensait alors être au bout des possibilités humaines en termes de longévité », se souvient le responsable de l’équipe « Longévité et vitalité » au laboratoire « Mécanismes moléculaires dans les démences neurodégénératives ». L’espérance de vie continue pourtant de progresser. Elle atteint aujourd’hui 86 ans pour les femmes et 78 ans pour les hommes, plaçant la France sur la première marche du podium européen.
Vieillir en bonne santé
Au point qu’une nouvelle catégorie a vu le jour : le quatrième âge. Et pourquoi pas bientôt le cinquième ? Car l’espérance de vie ne cesse d’augmenter, progressant de 3 mois chaque année. « Le quatrième âge s’allonge, avec son lot inévitable de difficultés physiques », prévient Jean-Marie Robine. Car si l’espérance de vie ne cesse de croître, l’espérance de vie « sans incapacité », comme disent les chercheurs, stagne. Et la France ne fait pas figure de bon élève. « Nous sommes peut-être les premiers en Europe pour l’espérance de vie mais nous n’arrivons qu’en dixième position en ce qui concerne l’espérance de vie sans incapacité », précise Grégory Ninot, directeur de la Plateforme CEPS, centre d’évaluation des programmes de prévention santé et des interventions non médicamenteuses.
Et face aux dégâts du temps, nous ne sommes pas tous égaux… Là où quelques centenaires continuent à enfourcher leur bicyclette tous les matins, certains septuagénaires peinent déjà à se déplacer. D’où vient cette inégalité ? En partie des aléas génétiques : ils interviennent pour 25 % dans la qualité du vieillissement. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Pour les 75 % restants, le facteur déterminant est le mode de vie. Une bonne nouvelle, car s’il est – encore – impossible de modifier son patrimoine génétique, on peut en revanche adopter des comportements favorisant un meilleur vieillissement.
Pierre Louis Bernard, chercheur au centre européen de recherche sur le mouvement EuroMov, s’intéresse avec Grégory Ninot aux effets de l’activité physique sur l’avancée en âge. « La pratique d’une activité physique entraîne une amélioration très significative de l’autonomie et de la qualité de vie », soulignent les spécialistes. Inutile pour autant de préparer un marathon : les chercheurs recommandent en effet de pratiquer de manière régulière une activité physique modérée comme la marche, idéalement 5 séances de 30 minutes par semaine. « Ce qui compte avant tout, c’est la régularité, précise Grégory Ninot, pour le reste il n’y a pas de recette parfaite, l’idéal c’est de proposer une prise en charge personnalisée ».
Activité physique sur-mesure
Du « sur-mesure » qui implique d’évaluer avec les personnes âgées leur état de santé afin de leur proposer une activité physique adaptée à leurs besoins. Le programme « Équilibre et prévention de la chute pour améliorer l’autonomie des personnes âgées » initié dans le cadre du projet Macvia mise sur cette démarche de prévention personnalisée. « Ce programme, mis en place en partenariat avec le CHU de Montpellier, propose d’aller à la rencontre de chaque personne âgée dans les municipalités afin d’évaluer les capacités fonctionnelles individuelles et de programmer des activités physiques adaptées », explique Pierre Louis Bernard. Objectif : réduire le risque de chute, une des principales causes d’hospitalisation et de dépendance chez les seniors.
« L’activité physique participe à l’appropriation de sa santé et permet d’être acteur de son vieillissement », complète Pierre Louis Bernard. Et même si vous êtes un sempiternel sédentaire, les spécialistes rappellent qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire : « quel que soit l’âge auquel on commence à pratiquer ou l’état de santé de la personne, l’activité physique apporte toujours des bénéfices concrets ».
Consciencieux vieillit mieux
Et si notre personnalité influençait notre vieillissement ? « Il existe des traits de personnalité associés à une augmentation ou une diminution du déclin lié à l’avancée en âge », explique Yannick Stephan du laboratoire Epsylon. Les gens consciencieux, très organisés et qui manifestent une forte tendance à l’autodiscipline ont par exemple plus de chance de bien vieillir. « Probablement parce que le fait d’être consciencieux les amène à adopter moins de comportements à risque – tabac, alcool, sédentarité, mauvaise alimentation… », détaille le chercheur spécialisé en psychologie de la santé et du vieillissement. Et ce, à l’inverse des personnes anxieuses, qui manifestent un niveau élevé d’instabilité émotionnelle. « Les anxieux ont ainsi plus de risque de souffrir de maladie cardiovasculaires ou de la maladie d’Alzheimer », explique le chercheur. Faut-il changer pour mieux vieillir ? « On ne peut pas modifier la personnalité des gens, souligne Yannick Stephan, en revanche on peut identifier ceux qui sont à risque et mettre en place une démarche de prévention pour améliorer la qualité du vieillissement ».
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