[LUM#6] L’université en partage
Depuis huit ans, l’université s’exporte dans des quartiers prioritaires de Montpellier. Soixante étudiants interviennent auprès d’enfants de douze établissements, en classe et en sortie. Rencontres et échanges au programme.
Mai 2017, grotte de Clamouse, dans l’arrière-pays montpelliérain. Les yeux écarquillés, des écoliers du Petit Bard et leurs institutrices visitent les décors souterrains de roches et de cristaux vieux de centaines de milliers d’années. Le soir, dans leur quartier dit prioritaire, ils rentreront imprégnés de ce spectacle saisissant.
Au milieu du groupe, une singularité, une richesse : des étudiants de la Faculté des sciences accompagnent les enfants. Pour faire rayonner l’Université et transmettre la culture scientifique dans les quartiers, ils participent au projet UniverlaCité, lancé par l’Université de Montpellier pour réunir deux mondes qui ne se croisent pas souvent.
Stalactite et stalagmite
Face à des formations calcaires, Mehdi, étudiant en licence 3, mobilise les enfants : « Comment on appelle celle qui descend ? Et celle qui monte ? ». Les réponses fusent, enthousiastes : « C’est la stalactite qui descend, la stalagmite qui monte ! ». Les interventions des étudiants dans les classes, avant la sortie, ont porté leurs fruits. Un jaillissement de questions s’ensuit : « Cette stalactite, pourquoi elle est très grande ? Est-ce que ça fait mille ans qu’elle est là ? ». « Vu sa taille, des centaines de milliers d’années », indique un étudiant. Les visages s’illuminent dans le couloir des cristaux, mais aussi face aux « excentriques », ces concrétions zigzagantes qui semblent déjouer les lois de la pesanteur.
Une fois revenus à la lumière du jour, le groupe part découvrir la faune aquatique et terrestre des bords de l’Hérault. Une bouffée d’oxygène pour les étudiants et les enfants, attentifs dans l’observation de grenouilles, crevettes, sauterelles, coléoptères… Filet à papillons à la main, une mère d’élève qui accompagne la classe se fait naturaliste, cherchant avec délice des insectes dans les buissons. Même les institutrices complètent leur culture zoologique auprès des étudiants. Biologistes, ceux-ci remobilisent leurs souvenirs de TP, lorsqu’ils doivent reconnaître larves de libellule et autres couleuvres vipérines.
Chaque classe est accueillie à la fac
Aujourd’hui, UniverlaCité fait intervenir soixante étudiants en sciences dans douze établissements des quartiers de la Mosson et du Petit Bard, à Montpellier. Au fil de l’année, ils rencontrent environ 700 enfants en classe et en sortie. En fin d’année, chaque classe est accueillie à la fac de sciences. Pour accomplir leur mission, les étudiants sont encadrés par Thierry Noëll, instigateur du projet et chargé de mission officiel UniverlaCité au sein de l’Université de Montpellier depuis 2009, aidé de sa collègue Sylvie Lanau. « Nous encadrons les étudiants, mais ils ne reçoivent pas de formation spécifique : le projet se construit avec spontanéité, dans l’échange humain ».
« Faire des études universitaires confère une certaine responsabilité vis-à-vis de la société. Les étudiants sont dans la réflexion, ont envie de partager. En allant dans les quartiers, ils représentent l’université. Le projet apporte ambition, ouverture et lien aux enfants, mais aussi aux étudiants », explique Thierry Noëll, qui croit aux vertus apaisantes de la présence d’étudiants dans les quartiers. Dès l’année prochaine, UniverlaCité prendra de l’ampleur, en intervenant dans six à huit établissements supplémentaires.
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