[LUM#6] Sur la route des papillons
Parmi les espèces animales menacées, on ne compte pas que les tigres et les rhinocéros. Deux associations d’étudiants ont décidé de voler au secours de la petite faune : baptisée « route des papillons », leur initiative brille de simplicité.
Et si les papillons disparaissaient ? En 2013, sensibilisée par d’alarmantes publications (voir encadré), l’association Étudiants pour un développement durable associatif (EDDA) découvre que ces indispensables pollinisateurs sont gravement menacés par les activités humaines. Changement climatique, pesticides, conversion des prairies en terres agricoles, augmentation des incendies, développement touristique pourraient bien bannir de nos paysages ces délicates fleurs ailées.
Fragiles migrateurs
Certains d’entre eux sont des migrateurs : venus des lointaines côtes d’Afrique, ils volent depuis toujours sur l’aile des vents dominants qui les portent au-delà du détroit de Gibraltar, jusqu’au nord de l’Europe. Mais sur leur chemin se dressent aujourd’hui des obstacles quasi infranchissables : villes, autoroutes ou parkings fragmentent les populations, déstructurent leur habitat, les privant également de certaines plantes vitales.
Comment aider les papillons ? L’idée est simple : installer dans chaque ville des jardins où ils trouveront un abri, ainsi que les végétaux nécessaires à leur survie. Pour mettre en place ce réseau baptisé « route des papillons », EDDA se rapproche du Jardin des plantes de Montpellier ainsi que d’une autre association : les naturalistes du Gnaum1. Résultat : un premier jardin créé à Montpellier en février 2014. Trois autres, depuis, ont été mis en place au cœur de la cité. On y trouve les plantes favorites des papillons : lavande, thym, chardon, mauve ou encore orties.
Oasis miniatures
« En semant ces plantes devenues rares en ville, c’est tout un réseau de vie qui se recrée en très peu de temps : on voit réapparaître des papillons migrateurs ou locaux, mais aussi des fourmis, des pucerons, des coccinelles, des abeilles… se réjouit Aymeric Brissaud, président du Gnaum. Beaucoup de citadins l’ignorent, mais la ville peut être riche d’une biodiversité qui ne demande qu’à s’épanouir. La “route des papillons” sera bénéfique à de nombreux insectes menacés ».
D’autant que l’expérience a vocation à être généralisée : « nous avons mis en place un protocole scientifique de suivi de notre démarche. Notre objectif est aujourd’hui de l’essaimer dans toute l’Europe ». Dernier développement du projet : proposer à chaque citadin d’accrocher à son balcon sa propre jardinière, faite en bois de palettes recyclées. Très utile à la petite faune des villes, ce réseau de micro-jardins offre un autre intérêt : sensibiliser le grand public. Et l’impliquer dans une aventure qui n’atteindra son objectif que si fleurissent un peu partout des oasis miniatures.
Un déclin inquiétant
Dès 2012, un rapport de l’Agence européenne de l’environnement (AEE) affirme que la moitié des papillons ont disparu des prairies européennes en 20 ans. Une tendance confirmée par une récente étude de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) : : 19 espèces de papillons méditerranéens seraient menacées d’extinction, dont 15 sont endémiques de la région.
(The status and distribution of Mediterranean butterflies, IUCN, 2016)
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- Groupe Naturaliste de l’Université de Montpellier ↩︎