[LUM#7] Revenir à Mada
Bienvenue à Nosy Lava : paradis de biodiversité dans l’océan Indien. Mais pour combien de temps ? Face aux menaces qui pèsent sur cette petite île de pêcheurs, six étudiants de Montpellier se mobilisent.
Braconnages, commerces d’animaux, destruction des mangroves, pêche intensive… Sur l’île de Nosy Lava et à Ananalava, ville côtière au nord-ouest de Madagascar, des espèces animales ont déjà disparu, comme l’emblématique dugong ; les tortues sont massacrées par les braconniers, la mer surpêchée, les mangroves brûlées pour produire du charbon de bois.
Aire marine protégée
En 2014, les habitants de l’île appellent à l’aide l’association Opti’Pousse Haie, spécialisée dans le développement local durable. Une solution est imaginée : la création sur place d’une aire marine protégée. A l’été 2017, six étudiants montpelliérains en biologie-écologie débarquent à Nosy Lava pour poser les bases scientifiques du projet, baptisé « Protect Mada’ ».
Parmi eux, Florine Hadjadj, 22 ans. La jeune femme découvre une réalité nouvelle : « un pays très pauvre, où la première priorité est survivre : avoir à manger le soir, nourrir les enfants, ne pas tomber malade. Le décalage avec notre quotidien est énorme… et notre discours a parfois du mal à passer ! ». Les tortues, une espèce protégée ? Pas simple à expliquer dans ce pays où leur exploitation peut permettre de subsister…
Partage
Les six vahazas1 le savent, l’aire protégée ne sera viable que si elle est portée par la communauté locale. Une seule voie : convaincre. « Le travail de sensibilisation a pris beaucoup de temps. Nous avons rencontré tout le monde ». Rencontres, discussions, mais aussi ciné-débats ou encore jeux pour sensibiliser, les liens sont patiemment tissés avec la population. L’un après l’autre, les villages concernés signent le projet. Le dossier préliminaire de création de l’aire protégée est bouclé : il sera déposé fin 2017.
Pour Florine, l’aventure aura duré quatre mois. Elle l’a changée à jamais. « En arrivant j’avais soif de forêts vierges. Mais la vraie découverte était ailleurs. C’était la rencontre avec ces gens extraordinaires : leur bonté, leur curiosité bienveillante, leur joie de nous accueillir… ».
Aujourd’hui la jeune femme prend une année de césure dans ses études. Et n’a qu’une idée en tête : revenir à Mada, où elle n’a pourtant pas que de bons souvenirs. « Je suis tombée malade en pleine épidémie de peste pulmonaire : grosse frayeur ! Là-bas, j’ai touché du doigt une réalité qui m’échappait. De quoi redonner à la vie son juste poids. Et découvrir à quel point le bonheur, ça peut être simple… »
- Étrangers européens
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