[LUM#17] Profession Jurigeek
Simon Mareschal de Charentenay est chercheur en droit et expert blockchain. Plaidant pour les LegalTech, il propose aux entreprises une solution innovante pour dématérialiser leurs titres financiers (actions, obligations etc.). Une technologie exploitée par la plateforme MonJuridique.infogreffe et récompensée en 2020 par le prix de l’innovation de l’Université de Montpellier.
« La blockchain est devenue ma spécialité, annonce Simon Mareschal de Charentenay. C’est l’objet de mes recherches et de ma passion et cela m’a emmené vers l’entreprenariat dans ce secteur innovant. » Et c’est pour répondre aux besoins du monde juridique que ce chercheur en droit, aidé de quelques associés, a mis au point une technologie pour dématérialiser des registres de titres ou d’assemblée générale sur réseau blockchain. Une petite révolution dans la gestion de l’actionnariat qui n’a pas manqué d’attirer l’attention du géant Infogreffe qui commercialise ce produit sous le nom de MonJuridique.infogreffe.
Piloter l’actionnariat
« Il existe actuellement en France 3,5 millions d’entreprises non cotées en bourse. La plupart ont une gestion papier de leurs titres de participation » poursuit le chercheur. Les titres de participation sont des valeurs mobilières qui permettent à des investisseurs d’apporter des fonds à une entreprise contre rémunération. « Ces documents papiers circulent d’acheteurs à vendeurs ou entre cabinets d’avocats avec un risque de perte important, explique le chercheur. La dématérialisation apporte une première sécurité matérielle, mais la vraie différence se fait avec la blockchain, car elle rend le titre de propriété des actions opposable juridiquement. » En offrant une meilleure visibilité sur les mouvements des titres financiers, MonJuridique.infogreffe devient aussi un véritable outil de pilotage de l’actionnariat qui a déjà séduit plus de 18 000 entreprises depuis son lancement en juillet 2021.
Hybridité professionnelle
C’est en 2016 que « la mouche blockchain » pique le jeune chercheur spécialisé en théorie du droit. Un monde de geek qu’il juge « fascinant » dans lequel il entre et navigue avec ses armes de juriste. « La blockchain est un système normatif à part entière ; c’est une sorte de système juridique autonome qui se veut une alternative au système juridique traditionnel. » Mû par cette passion, il rencontre les informaticiens et ingénieurs avec lesquels il se lance dans l’entreprenariat start-up. Les ingénieurs planchent sur la techno blockchain, et le juriste tente « d’inventer de nouveaux schémas normatifs capables de matcher avec les besoins de sécurité réglementaire » et reçoit dans cette démarche le soutien de son laboratoire comme de la Faculté de droit et science politique. « Je n’aurais pu créer cette hybridité professionnelle si le CERCOP* et ma fac ne m’avaient pas laissé la liberté de m’aventurer dans cette forêt complexe pour en ramener quelques pépites. »
Montpellier-Stanford
Des pépites dont profite aujourd’hui la Faculté de droit et science politique puisque Simon Mareschal de Charentenay y a créé en 2021 un diplôme d’université spécialisé dans les LegalTech et certifié par le Codex de Stanford, un des meilleurs si ce n’est le meilleur centre de recherche dédié à la LegalTech au monde. « Je l’appelle le diplôme Netflix : entièrement dématérialisé, ouvert à toutes les nationalités, en immersion dans les directions juridiques de Google et avec des profs américains qui se filment en se baladant dans la Silicon Valley… C’est très frais ! » Une manière
pour ce précurseur de tracer son sillon tout en démontrant que les études de droit peuvent ouvrir « des carrières hybrides où l’université n’est pas juste distributrice de savoir mais actrice de l’innovation ». De quoi faire naître des vocations… en chaîne.
*CERCOP (UM)
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