Relation science-société : « C’est notre rôle de semer des graines »

Écouter des contes scientifiques sur les travaux des chercheurs et chercheuses de l’Université de Montpellier, participer à un jeu de géocache-cache scientifique, ou suivre une balade géolocalisée… Tout cela sera bientôt possible grâce au label « Science avec et pour la société » décerné à l’UM pour son projet UM VIA des sciences, doté de 680 000 euros par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

C’est une très bonne nouvelle qu’a reçue Isabelle Parrot à la fin du mois de juin. La vice-présidente déléguée à la relation science-société apprenait en effet que l’Université de Montpellier venait d’être labellisée « Science avec et pour la société » (SAPS). « Une labellisation qui distingue et récompense tout le travail déjà accompli en matière de diffusion de la culture scientifique au niveau régional par notre université », s’est alors félicité Philippe Augé, président de l’UM.

Un partenariat innovant

La loi de programmation de la recherche de 2021 est la première à vouloir faire de la relation science-société une dimension à part entière de l’activité scientifique « Si la vulgarisation avait laissé place à une terminologie moins péjorative et plus ouverte de diffusion de la culture scientifique, technique et industrielle, celle-ci est désormais incluse avec les co-recherches sous le terme de science avec et pour la société », précise Isabelle Parrot. Pour distinguer les projets stratégiques des sites universitaires, le ministère a alors mis en place ce label SAPS.

Si l’UM a échoué au pied du podium lors de ses deux premières candidatures, la troisième est la bonne avec le projet UM VIA des sciences.  Sa force repose sur un montage innovant avec la métropole de Montpellier, fruits de « beaucoup d’échanges avec la direction du réseau des médiathèques et de la culture scientifique, mais aussi la direction déléguée à la médiation écologique, et donc avec le zoo ou encore l’écolothèque » s’enthousiasme la vice-présidente.

Via Domitia

Avec une dotation de 680 000 euros sur 3 ans, ce label va permettre à l’UM de renforcer les initiatives existantes et d’en pérenniser de nouvelles. « Le nom UM VIA des sciences fait référence à la célèbre Via Domitia qui traverse le territoire et fut à l’origine de nombreux échanges culturels, scientifiques et techniques ayant influencé le devenir des savoirs et de la culture ». Le projet de l’UM se veut porteur de la même ambition de développement de la culture scientifique sur le territoire, et s’articule en trois voies : visibilité, impulsion et inclusivité et audace.

Pour assurer la visibilité des sciences, « une cartographie des personnels actrices et acteurs de la relation science-société sera créée, en articulation avec la cartographie des compétences recherche qui sera mise en place par la direction des programmes structurants. Elle va s’accompagner d’un séminaire annuel de rencontre qui sera l’occasion de rappeler que nous proposons des formations à la diffusion des sciences », précise la vice-présidente qui a également proposé la création d’un prix SAPS UM destiné à valoriser l’implication des personnels de recherche dans la diffusion des savoirs.

Le projet vise aussi à la création d’un agenda des actions de culture scientifique, technique et industrielle en lien avec l’agenda contributif de la métropole pour améliorer « le rayonnement et la visibilité de ces actions ».

Impulsion et Inclusivité

Deuxième ambition du projet UM VIA des sciences : « renforcer les actions matures et émergentes de culture scientifique, technique et industrielle et de sciences participatives à destination des plus jeunes, comme LitterNature, Nounours, Univerlacité ou les cordées de la réussite ». Avec un triple objectif : lutter contre la défiance scientifique, éclairer le débat public, conforter l’idée que la science est un bien commun participant au lien social.

« Nous souhaitons aller vers plus d’inclusivité dans la diffusion des savoirs en touchant de nouveaux publics », souligne Isabelle Parrot. Qui ? Les habitants des quartiers populaires qui ne font pas la démarche d’aller vers les sciences, ou encore les zones géographiquement éloignées des métropoles comme la Lozère, département le moins peuplé de France. « En déployant des actions de culture scientifiques nomades c’est l’université qui vient à eux ».

Aller vers plus d’inclusivité, c’est aussi améliorer l’accès à des actions phares de l’UM, par exemple en proposant une traduction en langue des signes de la majorité des Bars des sciences contre deux aujourd’hui, ou des films du festival Sud de sciences.

Audace

La troisième voie du projet UM VIA des sciences, celle qui va mobiliser la plus grosse part de ce nouveau budget, c’est l’audace. « Dans une métropole où 50 % de la population a moins de 34 ans, c’est notre rôle en tant qu’université de semer des graines et d’oser expérimenter des dispositifs innovants », souligne Isabelle Parrot.

Premier projet audacieux : traduire les travaux des chercheurs sous forme de contes. « Dans une ère post-covid où l’on demande aux chercheurs de rendre des comptes, nous proposons que la recherche rende des contes ». Il était une fois, des travaux de recherche sur… « nourrir, soigner, protéger, nous avons choisi de baser les contes scientifiques sur nos trois piliers identitaires de recherche ».

Jeu de piste

Pour les plus grands, UM VIA des sciences mise sur un projet de géocache-cache destiné aux adolescents et aux familles et inspiré du célèbre jeu Cluedo. « Sauf qu’à la place du colonel Moutarde nous aurons des personnages scientifiques de renommée qui se retrouveront non pas dans le bureau ou la bibliothèque mais dans le jardin des plantes, ou sur le parvis Alexander Grothendieck par exemple ». Un jeu de piste grandeur nature qui pourra être proposé par l’Office du tourisme, ou même utilisé par les écoles.

Troisième et dernier de ces projets audacieux :  la création d’une balade géolocalisée, plutôt destinée aux étudiants et jeunes adultes, avec comme support des quizz scientifiques crées par des étudiants pour les étudiants, sous la guidance de leurs enseignants-chercheurs.

Rayonnement

« Tous ces projets, construits conjointement avec nos partenaires de la métropole, auront vocation à se déployer et à perdurer au-delà de la labellisation Science avec et pour la société », précise Isabelle Parrot qui voit plus loin dans le temps, mais aussi dans l’espace, avec l’espoir que ces projets rayonnent au-delà du territoire pour s’exporter nationalement, voir internationalement.