Scanorhize : la vie des sols pour une agriculture durable

Ce scanner enterré dans le sol est capable de pister l’évolution des systèmes racinaires pour mieux comprendre l’impact des fertilisants, de l’irrigation ou de la sécheresse. Un projet innovant développé à l’aide des dispositifs du Pôle Universitaire d’Innovation de Montpellier, particulièrement prometteur à l’heure où le secteur agricole est en proie à une crise majeure.

Analyser en temps réel l’impact des fertilisants sur les sols

Un capteur enterré dans les sols pourrait participer à “accélérer la transition vers une agriculture durable”. Voilà en quelques mots l’ambition de Scanorhize, imaginé au sein de l’Unité Mixte de Recherche Eco&Sols, et dont les premiers prototypes ont été réalisés en 2017 à l’initiative du chercheur Christophe Jourdan, CIRAD Montpellier.

Concrètement, “Scanorhize est une sorte de caméra enterrée dans le sol, capable de réaliser des images du système racinaire en réalisant des tranches en deux dimensions”, précise William Arditi, futur président de la start-up qui devrait exploiter le capteur dans les mois à venir. “L’idée est de capter de manière dynamique des images pour pouvoir observer l’évolution des sols et comprendre l’impact d’un fertilisant, mais aussi de la sécheresse ou de l’irrigation”. L’objet est relié à un boîtier qui transfère directement les images sur le cloud, avant de passer le relais à une intelligence artificielle capable de reconnaître les racines, la biodiversité du sol, et d’analyser l’évolution du système racinaire. Une technologie innovante pour laquelle un brevet pourrait bientôt être déposé.

Dédié à la recherche dans un premier temps, cet outil a rapidement éveillé la curiosité d’autres acteurs qui ont sollicité le laboratoire. “Les semenciers et les producteurs de produits phytosanitaires se sont montrés très intéressés”, ajoute William Arditi. “Pour eux, le sol représente un enjeu croissant”, notamment en termes d’adaptation de leurs produits au changement climatique, dans le respect d’une agriculture durable.

Une start-up soutenue par les dispositifs du PUI de Montpellier

En 2023, Christophe Jourdan et la SATT AxLR (Société d’accélération du transfert de technologies) partent donc à la recherche d’un porteur de projet pour développer une start-up sur la base de cette innovation. Une proposition à laquelle William Arditi répondra sans tarder via la plateforme Les Deeptech gérée par Bpifrance. Ingénieur de formation, le jeune homme avait déjà travaillé sur un transfert de technologie concernant un projet de poumon artificiel portable. “Mais cette fois-ci, j’avais envie de participer à quelque chose qui allait impacter la société à court terme”, explique-t-il. Après une première étude de marché, William Arditi est officiellement recruté en février 2024.

Dans le cadre du programme de maturation, la Satt AxLR soutient le salaire de William, les prestations nécessaires à l’industrialisation des capteurs ainsi que le développement de la partie software durant une année. En parallèle, William Arditi a bénéficié de la Bourse French Tech Lab (BFT Lab), de Bpifrance, qui lui a permis de financer des formations commerciales, une étude de marché, ou encore une mise à jour sur les aspects réglementaires. L’ingénieur a également suivi le programme Première marche du BIC (Business & Innovation Centre) de Montpellier. “C’était assez court et intense. Cela m’a permis de tester tous les aspects autour de la création d’une start-up”.

De février à juin 2024, le futur chef d’entreprise a suivi le programme Pépite Deeptech, proposé par Initium, l’incubateur de l’Université de Montpellier. Le but du programme : accompagner les porteurs et les porteuses de projets sur les thématiques “Nourrir”, “Soigner” et “Protéger” et mettre à leur disposition de nombreuses formations, conseils d’experts et séances de coaching pour parfaire la structuration de la future start-up. “ Cela permet de travailler sur la propriété intellectuelle, sur la stratégie commerciale, la posture entrepreneuriale ou encore le pitch…”, détaille-t-il. “C’est toujours intéressant d’avoir des retours d’experts dans chaque domaine quand on démarre un projet comme celui -là”. Une première étape dans l’accompagnement proposé par l’incubateur de l’UM, qui s’étendra sur une durée de trois ans, incluant les phases de pré-incubation et de co-incubation de la start-up.

Avec son nouvel associé Louis Marot, William Arditi vient de candidater au concours i-Lab de Bpifrance afin de pouvoir développer un programme de recherche et développement destiné à lever les derniers verrous technologiques pour transformer Scanorhize “en outil d’aide à la décision dans le contexte agricole”, confie l’ingénieur. “Après avoir scanné le système racinaire, il pourrait nous dire quand fertiliser, quand irriguer, quelle variété adopter…” Une étape supplémentaire pour mettre cet outil ingénieux au service de la transition écologique.

Incubée à AgroVallée, accompagnée par l’incubateur Initium et le BIC de Montpellier, la start-up devrait voir le jour à la fin du programme de maturation de la SATT AxLR, en juin 2025. Une belle réussite collective pour le PUI de Montpellier qui voit une nouvelle start-up montpelliéraine marquer un tournant dans l’agriculture durable !