Michel Bouvier : une médecine qui fait « école »
Chercheur de renommée mondiale dans le domaine des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG), Michel Bouvier a contribué à de nombreuses découvertes fondamentales et thérapeutiques sur ces protéines qui sont la cible de plus de 30% des médicaments sur le marché. De nombreux chercheurs montpelliérains se sont formés auprès du professeur de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Il a reçu en 2023 le titre de docteur honoris causa de l’Université de Montpellier.
Sur Michel Bouvier, Philippe Marin ne tarit pas d’éloge. Normal puisque ce dernier a parrainé le professeur de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal pour le titre de docteur honoris causa de l’Université de Montpellier qu’il a reçu lors d’une cérémonie organisée le 13 avril dernier à Genopolys . « Les années 1990 étaient une époque fabuleuse de découvertes sur les protéines G avec des perspectives thérapeutiques prometteuses, se souvient Philippe Marin, directeur de l’Institut de génomique fonctionnelle (IGF). Pour des étudiants comme moi qui travaillions dans ce domaine, parmi les trois signatures que nous attendions dans les publications, il y avait celle de Michel Bouvier. »
Le chercheur de renommée mondiale dans le domaine des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG), des protéines ayant un rôle physiologique majeur, fait en effet parti des plus prolifiques de sa génération. Auteur de plus de 360 publications dans des grandes revues biomédicales, comme Cell, Nature ou PNAS, ses travaux sur la compréhension des mécanismes d’action de ces récepteurs contribuent à des connaissances précieuses pour le traitement de nombreuses pathologies. Les RCPG sont en effet la cible de plus de 30% des médicaments sur le marché.
“Une certaine façon de faire de la science”
Également directeur général de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de Montréal, Michel Bouvier articule d’ailleurs des découvertes fondamentales avec le développement de nouveaux composés thérapeutiques. Par exemple, son équipe a développé des molécules capables de corriger la déformation des protéines RCPG causées par des mutations génétiques. Cette déformation est responsable de certaines formes d’obésité précoce ou de diabète de type 2. En restaurant la forme de la protéine, ces molécules proposent un traitement efficace contre ces pathologies.
Michel Bouvier a déposé quinze brevets au cours de sa carrière. Une partie est dédiée aux technologies qu’il a développées, en particulier le bioluminescence resonance energy transfer (BRET), qui utilise des biosenseurs (créés par de l’ingénierie génétique) capables d’émettre un signal lumineux lorsqu’ils sont à proximité. Cette technique permet de suivre en temps réel la communication cellulaire, grâce à la luminescence émise lorsque les hormones ou neurotransmetteurs se fixent sur les RCPG. Le BRET est aujourd’hui largement utilisé. « Des laboratoires qui acceptent de partager les techniques qu’ils développent, ce n’est pas si fréquent dans un univers aussi compétitif que la recherche biomédicale, pointe Philippe Marin. Ce partage traduit une certaine façon de faire de la science et illustre la générosité intellectuelle de Michel ».
Une véritable “école”
C’est d’ailleurs aussi pour les qualités humaines de son collègue canadien que Philippe Marin l’a parrainé : « Je l’ai rencontré pour la première fois dans une conférence et j’ai été sous le charme de ce professeur très didactique, qui prenait le temps de s’intéresser aux travaux des jeunes étudiants comme moi alors. » Contrairement à d’autres « stars de la science qui produisent une recherche magnifique mais après leur show s’en vont sans accorder d’intérêt à leurs collègues », Michel Bouvier a su créer une véritable « école » autour de ses travaux. « C’est de cette manière qu’un chercheur laisse une trace : à travers ses découvertes mais aussi en formant des personnes qui perpétuent la connaissance », poursuit Philippe Marin.
Et cette « école » est particulièrement bien représentée à Montpellier où les RCPG sont une thématique phare de plusieurs instituts, comme l’IGF, l’Institut des Biomolécules Max Mousseron (IBMM) ou encore le Centre de biologie structurale (CBS). Les directeurs de certaines équipes de ces instituts se sont formés dans le laboratoire de Michel Bouvier : pour n’en citer que quelques-uns, Bernard Mouillac, Julie Perroy et Sébastien Granier, qui dirigent aujourd’hui des équipes de l’IGF. Et le futur directeur du CBS Emmanuel Margeat revient d’une année là-bas. Sans compter les nombreux étudiants montpelliérains qui continuent à se former auprès de l’équipe de Montréal.
Michel Bouvier vient également souvent en France, « régulièrement invité à participer à des séminaires et des jurys de thèse à Montpellier, j’ai décompté au moins six jurys et je dois dire qu’il a toujours accepté avec enthousiasme ces invitations », pointe Philippe Marin. La francophilie du Québécois n’est d’ailleurs pas pour rien dans ses collaborations resserrées avec la France !